Petit délire matinal
« Car Descartes a définitivement remplacé Mérimée ! ». C’est sur cette conclusion hallucinante de terminologie absconse que se termina sa harangue. Certes l’ambiance était surchauffée et dans l’amphithéâtre sorbonnard on sentait la vindicte des détracteurs prête à se déchaîner. Tout était là, tout était prêt pour que l’opposition bondisse de son siège et investissant la chaire ne se lance dans une contre-attaque où les sévices physiques eussent eu leur part.
Encore un peu et l’on aurait assisté au déferlement de gilets jaunes bloquant un rond-point au mépris du simple savoir vivre élémentaire. De la politesse la plus surannée on passait a l’attaque frontale.
Mais au fait que voulait donc dire cette phrase sibylline a force de non-dit suggéré ? Et avait-elle un sens autre que celui primaire qu’eussent pu envisager les cancres irrémédiables qui tendaient l’oreille d’un sourd à ces vains propos ? Le spectre du malentendu sémantique et de l’interprétation hasardeuse tentaient le coup en suggérant que la phrase dans sa crudité recelait un sens profond. Sens qui n’était accessible qu’à ceux que de longues études supérieures pouvaient rendre aptes à y déceler un message ou tout au moins une signification échappant au vulgaire, à l’attardé, à l’insuffisant cérébral qui ne juge la pertinence qu’à l’aune de ses lacunes universitaires.
D’abord, pourquoi Descartes et pas Heideger ?. Descartes ce grand penseur esclave de ses cogitations et prenant sa vessie pour une lanterne au risque de se brûler, comme l’avait pertinemment suggéré ce rigolo de Francis Blanche ! Descartes énonçant avec suffisance : « Je pense, donc je suis… » Négligeant le fait que ce « Je » qui pense est d’une inexistence accablante, pur fantasme concocté par notre outrecuidance, délire se réduisant aux élucubrations intellectuelles d’un égo boursouflé se prenant pour le poste de radio et s’imaginant dans son délire être l’auteur de ce qu’il diffuse… Et pourtant…et pourtant il n’avait pas tord, à condition de se prendre pour un « moi je » qui ne peut se rassurer qu’en croyant être l’auteur de son petit délire cérébral, son autocélébration de centre du monde.
Ensuite pourquoi Mérimée,(Prosper pour les intimes dont faisait partie l’impératrice Eugénie, excusez du peu…) ? lui qui a écrit de charmantes nouvelles dont le style sobre et dépourvu de fioritures a fait dire à Victor Hugo : « Le paysage était plat comme du Mérimée ! »
Mais en quoi le Descartes, intellectuel rigoureux, maniaque du raisonnement et de la preuve par la subjectivité aurait-il pu remplacer Mérimée ? Et à quel propos, je vous prie de m’en éclairer ? Ne serions-nous pas là en présence d’un de ces tours de passe-passe qui mêlent l’amalgame à la mauvaise foi, l’improvisation incantatoire à l’habileté démagogique…Pourtant le dit Prosper avait fait ses preuves en confiant à Viollet le Duc la restauration de la basilique de vézelay. Lieu pérenne où je me rends parfois à pas lents tout imbibé de ferveur médiévale. Egalement de Notre-Dame de Paris qui vient de briller de tous ses feux dans un incendie malencontreux mais magique qui a attiré l’attention de tout un peuple, pour ne pas dire de la planète mondialisée, sur un drame dont l’Art Contemporain le plus officiel pourrait bénéficier en prônant une reconstruction rapide et plus conforme aux normes actuelles pour remplacer un charme un peu vieillot quoique dûment répertorié.
J’avoue pourtant que la petite phrase : (Car Descartes a définitivement remplacé Mérimée !) qui a suscité ces considérations s’est imposée à mon esprit dans des conditions douteuses. Surgissant de songes étranges aux premières lueurs de l’aube, comme le condamné qu’attend la guillotine. Après une nuit décousue où mon téléphone portable m’a évité de m’endormir par deux fois en me livrant aux confidences d’une amie qui m’est chère. Ce qui m’a laissé un peu perturbé et sujet à des pensées confuses.
Mais tout cela n’est pas bien grave et je m’en voudrais de vous avoir fait perdre de précieuses minutes en vous infligeant la lecture de divagations dont en principe seuls des intellectuel désœuvrés se montrent prodigues.
La Brosse Conge le 25 mai 2019
Copyright Christian Lepère
J'espère
ne pas vous avoir perturbé
avec
ces inepties. Mais cependant
mettez votre laine car le temps devient plus frais !
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