Popaul ou la perplexité
Première partie
C’était il y a bien longtemps. C’était jadis dans la petite enfance. Dans ces temps du début où rien n’était nommé. Là tout n’était que sensation, lumières et parfums, douce chaleur ou froid piquant, langueur musicale ou cacophonie assourdissante et rien ne s’écoulait. Le temps n’existait pas. Seul régnait l’instant présent fait de délices ou d’inconfort. Le chaud, l’humide se succédaient s’annulant ou se chevauchant. C’était le temps magique des sensations qui s’imposaient sans discussion, sans la moindre tentative d’y comprendre quoi que ce soit. C’était l’innocence absolue, sans le moindre recul et pas encore assombrie par l’ombre d’un doute.
Popaul était bien jeune. A peine sorti du ventre maternel il affrontait maintenant le vaste monde. Et même si l’accueil avait été plutôt chaleureux il n’en restait pas moins qu’un passage avait eu lieu et que de batracien il était devenu mammifère ce qui est assez valorisant au regard de l’évolution. Au moins si l’on en croit Darwin et les nobles penseurs qui lui ont fait suite
Mais à ce stade, en cet état qui suivait le grand passage de l’arrivée dans le monde, tout ce qui se présentait était perçu et ressenti avec intensité mais sans la moindre appréciation, sans le moindre soupçon de jugement ou de dénigrement. Le monde était et déployait ses fantasmes. Indéfiniment. Sommeil ou veille tout se succédait sans ordre et sans logique. Personne n’était là pour expliquer ou justifier ou tenter de rendre compte. Le monde était spectacle, plein de visions et de sensations brutes qui s’imposaient. Mais il n’y avait personne. Enfin, personne qui soit distinct de ce qui se produisait et qui se serait imposé à lui-même et à nul autre. Il n’y avait d’ailleurs pas d’autre.
Ensuite, dans sa boîte crânienne les neurones ont proliféré, ils ont tissé leurs réseaux, se sont raccordés les uns aux autres dans des configurations fantastiques leur permettant d’échanger des informations au moyen de leurs synapses. Et petit à petit le monde a pris forme et consistance. D’une symphonie de sensations magiques il s’est transformé en collection d’objets palpables, nommables, observables et dissécables.
A suivre
Que Popaul soit !
Et Popaul fût !
Gloire soit rendu au Très Grand
au plus haut des Cieux !
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