Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 novembre 2018 3 28 /11 /novembre /2018 06:33

Recherche d’un article ancien

 

  • Taper le N° 405  « Histoire de mon blog depuis 8 ans »
  •  Le faire apparaître pour voir la liste des articles depuis avril 2010.

puis taper le N° souhaité

-----------------------------------------------------------------------------------------

"Le bel envol" - Terre cuite - 40 x 50 cm - 2008

"Le bel envol" - Terre cuite - 40 x 50 cm - 2008

Ville ou campagne

Il faut choisir

 

 

           Il y a six ans mon épouse est partie pour aller voir ailleurs si elle y était déjà. Mise sur la touche, exclue de la partie, il ne lui restait plus qu’à replier bagage. Un jeune interne compatissant  nous avait posé la question : «  Désirez-vous que l’on continue les soins, bien que ce soit inutile ? ou préférez-vous la laisser partir paisiblement ? » Sébastien, notre fils et moi-même avons donc accepté.

           De toute façon la partie était terminée. Et il faut être beau joueur. Alors nous l’avons veillée toute la nuit pendant que l’assistance technique qui faisait battre son cœur ralentissait son aide. Et au matin c’était terminé.

           Restaient ensuite les formalités. Déclarer le décès. Rendre visite aux pompes funèbres. Décider des modalités. Prévoir et faire face. Ensuite revenir voir la dépouille tout au long de la semaine. Se recueillir au chevet d’un corps sans âme froid et rigide mais avec l’étrange sentiment que la personne absente n’est pas bien loin… et que ce n’est pas inutile. Ensuite les amis sont venus. Qu’ils en soient remerciés. Après il y a eu l’incinération avec la présence de notre fils et le lendemain  il ne restait plus qu’à aller chercher l’urne pour l’emmener à la campagne. Vous savez c’est étrange et un peu surréaliste de sentir que la personne qui était assise à vos côtés, bien vivante n’est plus qu’une poignée de cendres réunies dans un vase clos dans le coffre de la voiture. Voilà qui remet les pendules à l’heure en vous prouvant l’impermanence dont le Bouddha nous a tout dit. Ou comme s’étonnait un gros naïf : « L’impermanence a encore frappé ! » comme si elle ne le faisait pas à chaque milliardième de seconde depuis toujours et à tout jamais.

           Que dire, que faire ou que penser ? De toute façon il ne pouvait en être autrement. Je me retrouvais donc seul avec un appartement et une maison en Bourgogne héritée de mes parents. Depuis j’ai fait le va et vient passant la belle saison à la campagne et me protégeant des frimas dans ma résidence bien chauffée et dotée du confort indispensable dans notre société de consommation, au cœur de Parly 2. Et puis la proximité de Paris me permettait de voir des amis et  d’assurer les activités culturelles du peintre  que je suis encore.

 

                                                                                       A suivre

 

 

 

"Le pape des escargots" - Terre cuite - hauteur : 42 cm - 2008

"Le pape des escargots" - Terre cuite - hauteur : 42 cm - 2008

417 - Ville ou campagne
417 - Ville ou campagne

Il ne reste plus qu'à attendre la suite...

Comme elle ne saurait tarder

portez-vous bien 

d'ici là 

!

Partager cet article
Repost0
19 novembre 2018 1 19 /11 /novembre /2018 16:22
"Guirlandes" - peinture à l'huile - 73 x 60 cm _ 1989

"Guirlandes" - peinture à l'huile - 73 x 60 cm _ 1989

 

Petit délire de circonstance

(On fait ce qu’on peut avec ce dont on dispose)

 

 

           Depuis longtemps je m’abstenais. Certes les flots du monde m’emportaient avec le reste dans leur course échevelé. Partout ce n’étaient que soubresauts et incessantes modifications, bouleversement des apparences. Du coq à l’âne, de Charybde en Scylla, un apparent chaos nous encerclait sans fin et proliférait sans relâche. Dénué de tout sens commun et sans vergogne le spectacle était permanent. Depuis le Big Bang ou ce que l’on désigne par cet improbable néologisme apparu depuis peu, tout au moins à son échelle, tout n’avait jamais été qu’apparition de formes nouvelles, imprévues et s’enrichissant dans une complexité délirante, autoprogrammée mais dont nul ne connaît les fins, pour peu qu’elles existassent et encore moins les moyens que nulle cervelle humaine ne peut tenter d’appréhender

           Des soi-disant particules élémentaires, ivres de leur complexité, issues d’un infiniment petit aux limites indéfiniment reculées jusqu'à la danse cosmique des amas galactiques qui ne cessent d’exploser et de se régénérer au sein d’improbables trous noir, creusets d’anéantissement et de régénération d’une énergie infinie.

           Et  nous voilà, pauvres de nous, bipèdes  issus  d’une évolution à laquelle ils ne comprennent que goutte. Guidés par leur instinct, ô combien déficient et tentant de faire confiance aux vagues prévisions d’un intellect qui ne saurait comprendre ce qui l’a produit.

           Voilà où nous en sommes. Voilà où en est le Radeau de la Méduse d’une humanité qui n’a de cesse de tout faire pour se nuire avec les gigantesques ressources d’un progrès technologique qui se prend pour une fin en soi.

           Mais l’histoire dont nous ne sommes que les épiphénomènes suit son cours en nous emmenant où elle veut ou tout au moins où elle peut. Qui donc pourrait lui reprocher ?

           Et pourtant la nature est belle. Elle nous comble de ses dons sans demander son reste. D’ailleurs pourrait-il y en avoir un ? Puisqu’elle est TOUT et que rien d’autre ne saurait se profiler au-delà du par delà de l’au-delà. Et c’ est ainsi qu’en l’Absolu tout repose à tout jamais. Y compris les chiens, les chats et les petits oiseaux qui se moquent bien de toute cette métaphysique pour intellectuels emmitouflés qui glosent pour tenter de faire pipi plus loin que ce qui est permis aux capacités naturelles de leurs vessies.

 

                                                        La Brosse Conge le 10 juillet 2018

                                                         Copyright Christian Lepère

            

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Assez déliré pour cette fois, reprenons nos esprits

et prouvons que nous ne sommes

pas si simples

que ça.

Non mais!

Partager cet article
Repost0
13 novembre 2018 2 13 /11 /novembre /2018 07:22
"La Terreur des Fortifs" - peinture à l'huile - 100 x 81 cm - 2018

"La Terreur des Fortifs" - peinture à l'huile - 100 x 81 cm - 2018

 

              Ce tableau récent figure à ma dernière exposition qui va avoir lieu à Versailles, au « Facteur Cheval ». Il représente bien les états multiples que je vis à ce jour et qui me poussent à me retirer dans une campagne paisible.de la France profonde.

 

 

                  

          

« La Terreur des Fortifs »

 

 

« La Terreur des Fortifs » est un titre ambivalent qui peut vous laisser perplexe !

           M’accorderez-vous crédit si je vous dis que c’est un autoportrait ? Certes, le modeste fonctionnaire retraité que je suis n’apparait que rarement de façon aussi flamboyante. Mais qui vous a suggéré que j’occupais spécialement la position centrale ?

           En réalité ce tableau représente l’être humain que nous sommes tous avec d’infinies potentialités. Ensuite les « hasards » de la vie vont nous cantonner dans un rôle ou dans un autre. Comme moi vous avez tous été un nouveau-né éberlué d’être au monde, puis un gamin de dix ans désespéré d’avoir perdu ses billes ou une petite fille qui caresse son chat en pensant au prince charmant. Tout ça en attendant de devenir mère de famille nombreuse, surnuméraire dans une administration  ou Ministre de la Culture.

           Les dés sont jetés : Je ne serais jamais Président de la République et sans doute non plus sérial killer ou champion du triathlon ! Et pourtant… toutes ces facettes font à la base partie des possibilités de l’ovule fécondé que nous avons tous été dans notre très jeune âge.

           Foin de ces considérations, vous êtes en train de lire ce texte. Il vous parle de vous-même. Ce qui mérite attention !

           Alors bonne visite et portez-vous bien en attendant les fêtes !

 

                                               Le Chesnay le 12 novembre 2018

                                               Copyright Christian Lepère

 

 

 

 

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Veuillez m'en excuser

mais je crois bien que votre subconscient

N'est pas moins riche et complet que le mien...

Ce n'est pas grave car nous sommes 7 milliard d'humains

dans ce cas !

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2018 2 06 /11 /novembre /2018 07:33
"Halte champêtre" - gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches format Demi-Raisin - 1969

"Halte champêtre" - gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches format Demi-Raisin - 1969

 

Repli campagnard

 

Suite et fin

 

 

 

 

             Finie donc la vie de résidence dans le square du Retiro. Terminées les visites au Temple de la Consommation, je veux dire le Centre Commercial de Parly 2, premier de la sorte en France, créé il y a presque 50 ans et dont la descendance nombreuse envahit les zones d’activité auréolant les grandes agglomérations. Je vais être réduit désormais à la fréquentation du Mammouth d’Avallon. Grandeur et décadence. Dévalorisation de mon niveau de vie et perte de mon standing. Mais le bon air de la campagne mérite bien quelques sacrifices quand il permet aux petits oiseaux de venir gazouiller sous mes fenêtres.

             Les raisons qui me poussent à me retirer en province sont aussi humaines. Retraité depuis 16 ans j’ai perdu tous mes repères scolaires, même si le collège où j’ai enseigné longuement est toujours présent sous mes fenêtres. Mais ses occupants ont été remplacés. Les collègues ont été atteints par la limite d’âge et sont partis pour de grandes vacances.  Les élèves ont grandi et se sont éparpillés jusqu’aux confins de la planète. Certains sont morts, voire suicidés. C’est le cas d’un ancien qui après des études  artistiques est devenu mon voisin de palier avant de mettre fin à ses jours, accablé par les turpitudes du monde moderne. Problèmes de couple et d’alcool. Même  l’amour de sa fille encore très jeune n’a pu le retenir…

             Par ailleurs les anciens voisins disparaissent aussi après avoir décliné et continué d’aller clopin-clopant au Super U faire leurs emplettes. J’ajouterai même que le seul membre de ma famille qui me reste est ma belle-mère âgée de 96 ans. Bon pied, bon œil et une excellente mémoire mais pour combien de temps ?

             Bien sûr le même problème m’attend en Bourgogne. Dans mon hameau il ne reste plus guère de mes petits camarades d’enfance et de leurs parents. Il est vrai que pour compenser le cimetière tout proche réunit les membres de ma famille et des tas de connaissances. Depuis les anciens maires jusqu’à « Tarzan » le jeune maçon qui réparait et embellissait la maison familiale. Et bien d’autres qui faisaient  partie du paysage, vieux paysans à casquette et joueurs de belotte qui tenaient compagnie à mon grand-père. Mais maintenant ils reposent paisiblement sous la dalle où les regrets de leurs proches s’expriment en phrases convenues et pleines de sollicitude. Ce qui n’était pas toujours le cas de leur vivant.

 

                                                                  Le Chesnay le 28 octobre 2018

                                                                  Copyright Christian Lepère

 

               

"Dame à la locomotive" - gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches format Demi- Jésus - 1969

"Dame à la locomotive" - gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches format Demi- Jésus - 1969

"Deux anges passent" - gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches - format Demi-Raisin - 1969

"Deux anges passent" - gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches - format Demi-Raisin - 1969

Joyeuse ou triste la vie continue...

Pour vous aussi?

Alors bonne chance!

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 16:18
"En attendant la rouille" - gravure à l'eau-forte imprimée sur papier Arches - 1973

"En attendant la rouille" - gravure à l'eau-forte imprimée sur papier Arches - 1973

Repli campagnard

 

 

 

             Depuis la disparition de mon épouse je faisais le va et vient entre mes deux résidences. Celle du Chesnay avec les avantages de la civilisation, ascenseur et eau chaude à volonté, et celle de Bourgogne avec le charme bucolique d’une campagne relativement préservée. Cependant celle-ci avait bien changé depuis mon enfance et le progrès que nul ne saurait arrêter nous cernait déjà de toute part.

              L’eau courante froide, chaude et même tiède y coule maintenant  grâce au robinet mélangeur-mitigeur et le vieux puits ne sert plus qu’à arroser le jardin. Quand aux déchets ménagers ils sont collectés par d’énormes camions à benne manœuvrant en marche arrière pour ignorer les panneaux qui leur interdiraient le passage eu égard à leur charge dépassant ce que la prudence exige. Au bon vieux temps les déchets ménagers et les objets hors d’usage étaient déversés au dépotoir communal. Lieu d’aventures interdites pleines de dangers. De multiples merveilles m’y attendaient et l’audace de s’y aventurer procurait de délicieux frissons. Et puis c’était interdit par les grandes personnes tellement sérieuses et inquiètes de ma santé et du bon état de mes membres.

             Jadis le facteur arrivait à vélo et maintenant il est motorisé et les longues veillées d’hiver peuvent être enrichies culturellement par internet et You Tube. Mon propre fils étant facteur en Ardèche je persiste dans cette affirmation vérifiée par l’expérience.

             Après six ans de vie passés à alterner les séjours citadins et campagnards selon les saisons et le temps qu’il fait, j’ai décidé de simplifier en n’ayant plus qu’un domicile, principal comme il se doit.

 

 

                                                                                     A suivre…

 

 

"Le fond du jardin" - Gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches - format Demi-Raisin - 1973

"Le fond du jardin" - Gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches - format Demi-Raisin - 1973

"L'autochtone" - gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches - format Demi-Jésus - 1973

"L'autochtone" - gravure à l'eau-forte - imprimée sur papier Arches - format Demi-Jésus - 1973

La suite viendra en son temps

si le destin ne s'y oppose...

Portez-vous bien!

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2018 2 23 /10 /octobre /2018 07:34
"La cathédrale" - Gravure à l'eau-forte - Imprimée sur Arches Demi-Jésus - 1975

"La cathédrale" - Gravure à l'eau-forte - Imprimée sur Arches Demi-Jésus - 1975

La colline éternelle

 

 

Une fois de plus je gravissais la colline. Sainte colline toute nimbée d’éternité. Pourtant elle n’est pas d’une taille si imposante. Elle domine la plaine avec sérénité et ne prend même pas la peine de vous exalter ou de vous faire croire à un fabuleux destin. C’est que vous ne partez pas pour la croisade comme l’ont fait tant de gueux du menu peuple au cœur d’enfant naïf. Tout ceux qui n’en sont pas revenus épuisés par une marche vaine ou chacun encourageait l’autre en réciprocité et lui portait assistance quant il tombait sur le bord du chemin. Poussiéreux comme il se doit, qu’il fût de Compostelle ou d’une voie d’approche moins noble qui alimentait le long chemin du pèlerinage. Le seul, le vrai, celui qui va jusqu’au bout et vous garantit le salut de votre âme

           Pendant ce temps d’autres s’exaltaient partant vers d’autres cieux plus orientaux avec des idées derrière la tête. C’est qu’on en disait tant sur ces contrées fabuleuse qui menaient vers le tombeau du Christ et fournissaient à leur âme des occasions d’exploits. De hauts faits d’arme où l’on pouvait massacrer de l’infidèle et préparer sa place au Paradis au moins pour l’éternité. A la droite de Dieu et parmi de nobles assemblées de saints exaltés proclamant la gloire éternelle. Disons que c’est assez tentant pour un pauvre pêcheur sincèrement repentant…même si rien n’est jamais certain quand on joue son va-tout à tout jamais, sous le regard de l’éternité

           Se tailler un empire ou tout au moins grappiller quelques terres au hasard du remue-ménage occasionné par les flux de population qui ne font que suivre l’enthousiasme collectif et les meneurs d’hommes  aux intentions inavouées. Ces derniers n’étant que chefs de bande, redresseurs de tort, mercenaires de tout poil. Tous prompts à vendre leur âme mercantile au plus offrant et dans ces temps de grande incertitude prêts à trahir pour assurer la simple survie biologique et organique et fournir à leurs génitoires l’occasion d’assurer l’avenir en procréant de façon naturelle et spontanée. En gros de violer tout ce qui se présente de féminin et de consommable. Dans cette optique on profite de tout ce qui s’offre pour la bouffe et la fornication. On fait ripaille un jour, mais le lendemain  on meurt percé d’une flèche amie à la trajectoire bien maladroite à moins que ce ne soit de la dague traitresse d’un de vos alliés du moment. Et on passe tout par pertes et profits. Dieu reconnaîtra les siens….

           Depuis bien des lustres  ont passé. Les siècles se sont enfuis. Et me voilà tout seul gravissant la colline. Un petit sentier escarpé. Des marches disjointes. On traverse des jardinets qui s’étagent et petit à petit on approche du but : l’abbatiale posée sur la colline comme un gros chat. C’est un entassement de pierres assez rustiques qui tient par la masse bien que le calcul des forces et des poussées soit déjà assez savant en cette fin de Moyen-âge.

           Mais le village fait le gros dos sous le jour déclinant et je vais enfin quitter ces lieux de méditation dont l’aide non négligeable pour obtenir un supplément d’âme ne m’est plus indispensable pour me rejoindre en moi-même. C’est qu’à force on finit par s’améliorer et que toute cette ambiance ayant fait son office on a un peu moins besoin d’une aide qui s’est montrée décisive en des temps plus adolescents.

 

                                                                  Le chesnay le  20 août 2018

                                                                  Copyright Christian Lepère

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                  Le Chesnay 20 août 2018

                                                                  Copyright Christian Lepère

Détail

Détail

Détail

Détail

Partir à pied à Jérusalem?

Ou bien aller à Paris

en prenant

le train?

C'est selon l'humeur et les capacités...

Partager cet article
Repost0
16 octobre 2018 2 16 /10 /octobre /2018 19:11
"Tranche de vie un peu saumâtre" - gravure à l'eau-forte - Imprimée sure papier Arches format Demi-Jésus - 1975

"Tranche de vie un peu saumâtre" - gravure à l'eau-forte - Imprimée sure papier Arches format Demi-Jésus - 1975

 

Mai 1968 et suites non prévues

 

 

           Libérés par mes supérieurs hiérarchiques de mes obligations militaires je me retrouvai dans le civil à 25 ans. Après 18 mois de  caserne dans l’infanterie à Dijon je réintégrais l’Education Nationale et c’est Versailles qui m’accueillait au sein du lycée Jules Ferry.  Versailles et son prestige. Versailles et la gloire de son soleil couchant. Par un hasard favorable j’avais trouvé asile au 3ème étage d’un petit immeuble rénové dominant la place du marché et sa joyeuse animation. A ce propos j’étais gâté, car en plus de l’activité coutumière dans ce genre de lieu, avec les allées et venues bon enfant des braves gens qui viennent faire leurs emplettes et préparer le repas dominical, d’autres événements plus inattendus et perturbants venaient de se déclencher dans les parties les plus modernes de la planète. Les plus civilisées et les plus instruites comme il se doit. Mai 1968 venait  d’exploser se propageant comme une traînée de poudre.

           Mes faits et gestes militaires n’étant plus qu’un souvenir, je ne souhaitai qu’une chose retrouver des activités normales et me consacrer à l’enseignement. Mais voilà que la machine s’enrayait. Le lycée et son annexe où l’on m’envoyait à Buc ne fonctionnait plus. Plus personne ne savait comment tout cela allait évoluer et enfin se terminer. Du haut de mon perchoir j’attendais patiemment, observant et ne comprenant pas grand-chose aux événements « historiques » qui se déroulaient. Déjà j’avais le sentiment d’être au sein d’une crise d’adolescence un peu festive où une belle jeunesse était ravie de l’occasion de se défouler en balançant des pavés sur la gueule de c.r.s. à peine plus âgés mais qui avaient la très mauvaise idée d’être du côté des forces dites de l’ordre. Donc une séance de guignol pour de vrai.

           Mais tout a une fin. Et un beau jour, lassés de brûler des véhicules qui ne leur avaient rien fait et de dresser des barricades tellement éphémères qu’il fallait sans arrêt les remettre en état, toute cette belle jeunesse, d’ailleurs pas toujours si jeune que ça et tous ces trotskystes et marxistes tendance Groucho, tous ces révolutionnaires donc,  en accord avec leurs dirigeants syndicaux et soutenus par un bon peuple pour qui la rigolade avait assez duré tinrent enfin compte du simple bon sens en suivant le général de Gaulle qui sifflait la fin de la récré.

           Je pus enfin redescendre de mon 3ème étage pour retrouver des activités plus coutumières et réintégrer mon poste où de jeunes élèves allaient pouvoir bénéficier de mon autorité bienveillante. Avec, bien sûr, les hésitations et les maladresses dus à un inévitable manque d’expérience. On ne devient pas un pédagogue chevronné par magie même après Mai 1968.

           Donc tout allait bon an, mal an et je continuais à séjourner solitaire veillant sur ce carrefour historique de la ville royale. Mais tout a une fin et la conjoncture finit par me faire rencontrer ma future épouse sur les lieux pédagogiques.  Comme moi elle était chargée de transmettre la culture à une jeunesse qu’elle savait intéresser aux trésors de la littérature. A moi les Arts Plastiques, à elle la poésie et les alexandrins. Nous nous complétions donc ce qui favorise une vie commune orientée vers les choses de l’esprit. « Métro, boulot, dodo » n’était certes pas notre devise et d’ailleurs il nous fallut peu de temps pour nous découvrir un penchant commun vers la spiritualité, d’abord par le biais de la lecture puis de façon plus concrète. La sagesse existe depuis toujours et des sages authentiques vivent encore parmi nous, tout  près dans la rue et même dans le métro…Alors allons voir… Sait-on jamais…

           Mais il faut vivre concrètement et se vêtir et se loger. A cet égard nous n’avions pas à nous plaindre. Les parents de Michèle encore jeunes avaient acheté un appartement dans la rue du Vieux Versailles, au sein du quartier historique entouré par le château, la cathédrale Saint Louis et la pièce d’eau des Suisses. Non loin non plus de l’escalier des Cent Marches rendu célèbre par Sacha Guitry faisant l’apologie de ces lieux chargés d’histoire dans « Si Versailles m’était conté ». C’était un peu vétuste mais plein du charme des demeures anciennes ou  des traces se vie se sont accumulées créant des atmosphères étranges. Ces lieux étaient habités. Ils avaient  une âme…

           Mais nous ne pouvions en rester là indéfiniment. Le monde moderne nous attendait. La société de consommation avait besoin de consommateurs. C’est ainsi que nous avions décidé de venir habiter à Parly 2, première ville nouvelle et grand ensemble de résidences fleurissant autour du tout premier centre commercial, du moins en France. Enfin, cerise sur le gâteau nous avons constaté que le collège qui s’élevait sous nos fenêtres avait besoin d’un professeur d’arts plastique, dans un premier temps, puis d’une enseignante polyvalente s‘occupant de transmettre, outre l’amour des belles lettres, également les connaissances indispensables en histoire et en géographie,  nécessaires à toute personne qui se souhaite cultivée et dont l’ambition ne se limite pas à inonder de S.M.S. ses copains de classe. Pour leur dire qu’il va les retrouver à la récré et qu’ils sont bien prévenus. « A bon entendeur…salut ! ».

           Enfin la vie a suivi son cours, comme elle sait le faire. Notre fils est né avant de fréquenter les écoles des environs. Puis il est entré en 6ème au collège où nous étions toujours enseignants. A tel point qu’une année je l’ai  eu comme élève…

           Mais, depuis toujours j’avais besoin de marcher, de déambuler dans les bois des alentours qui sont nombreux et accueillants ou dans les rues de Versailles et des environs. Il m’arrivait ainsi de parcourir des lieux connus depuis longtemps et parfois oublié. C’est ainsi qu’il m’était arrivé de longer à nouveau la rue du Vieux Versailles. Elle n’avait guère changé, si ce n’est la disparition de la poissonnerie au pied de l’immeuble, le poissonnier ayant sans doute pris une retraite bien méritée, à moins qu’il ne soit mort, ce qui est bien triste mais dans l’ordre des choses. Or voilà qu’en longeant à nouveau ces lieux je constatai que l’immeuble était remplacé par un grand vide, ce qu’on appelle une « dent creuse » en langage commun. Sans doute la situation va-t-elle continuer d’évoluer et je pense me retrouver par la suite au pied d’un immeuble tout neuf avec ascenseur et chauffage central. Cela l’avenir nous le dira car je viens de prendre la décision de quitter la région pour me retirer à la campagne, en Bourgogne dans la maison où j’ai déjà rédigé un grand nombre d’articles de ce blog et où j’ai mes racines depuis mes débuts dans l’existence actuelle. Ainsi va la vie qui fera que bientôt aucun de mes articles n’aura été rédigé au Chesnay mais au grand air de la campagne et plus précisément à Sermizelles ou même de façon encore plus intime à La brosse conge qui va bientôt m’accueillir jusqu’à la fin de mes jours. Du moins je l’espère.

 

                                                        Le Chesnay le 7 octobre 2018

                                                        Copyright Christian Lepère

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Ainsi va la vie

balayée par le souffle de l'histoire

pleine de bruit et de fureur

et d’héroïsme abscons.

Alors à plus...

et faites

de

beaux rêves de gloire!

Partager cet article
Repost0
16 octobre 2018 2 16 /10 /octobre /2018 18:52
Partager cet article
Repost0
9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 07:07
" Retrouvailles" - Dessin aquarellé vernis acrylique - 50 x 65 cm  - 1984

" Retrouvailles" - Dessin aquarellé vernis acrylique - 50 x 65 cm - 1984

Grasse matinée

 

 

Le doux fredon de la bouilloire

Qui gargouille avec son clapet

Qui chuinte en sourdine et se prend

Pour le doux ronron du chaton

Qui se love et non sans raison

Calfeutré sous le traversin.

 

La cafetière si redressée répand son parfum de café

Robuste et fort de Colombie, sucré comme café au lait

Que les petits vont avaler

Tout de go et sans hésiter dès la fin de la matinée.

 

Mais tant d’effluves se répandent

Dans le passé de la maison

Que par moment on dirait qu’on

A rejoint tout un ancien monde

Que tapissaient des souvenirs

Qui surgissent à n’en plus finir dans le sein d’un mol édredon

Dont la chaleur exquise et tendre enchantait les petits garçons.

 

 

Le Chesnay le 17 août 2018

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Surgi du fin fond du passé

voilà le souvenir enfui

d'une très grasse matinée.

Partager cet article
Repost0
30 septembre 2018 7 30 /09 /septembre /2018 08:55
"La robe rouge" - Huile sur toile - 54 x 73 cm - 1986

"La robe rouge" - Huile sur toile - 54 x 73 cm - 1986

Le monstre

 

Sous le lit bas où se cachait

L’horrible monstre des Carpathes,

Vampire hideux tout assoiffé

Du sang de vierges idolâtres

Blêmes et douces, toutes livrées

A l’horreur de ce cauchemar

Qui non content d’avoir ni pied, ni tête et rien entre les deux

Déploie son vide et son néant

Tout seul, tout nu, sans agrément et tout plein de morosité.

 

Mais sous mon lit où se cachait quand j’étais petit et pas grand,

Depuis que l’âge et ses bienfaits ont dissout ma terreur d’avant

Rien n’est à redouter céans !

 

Plus de monstre

Et de méchant loup

Et tant pis pour la tendre amie

Que sauvait le petit poucet…

 

Je suis grand

Et tout est

Fini.

Niquedouille

Je vous salue bien !

Au revoir

Et en attendant

Je vous dis à mardi

Prochain

 

Le Chesnay 17 août 2018

 

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Détail

Espérons

que sournoisement

le monstre ne soit revenu

sous mon lit planqué dans mes rêves.

Mais je sais que vous êtes grands et qu'au cœur

de vos nuits sereines

vous reposez

benoîtement !

 

Partager cet article
Repost0