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13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 08:03
"Miroir mon beau miroir" - huile sur toile - 100 x 81 cm - 2003

"Miroir mon beau miroir" - huile sur toile - 100 x 81 cm - 2003

Miroir, mon beau miroir…

 

             Quoi de plus familier et de plus poétiquement rassurant que le reflet dans le miroir ? Pourtant il suffit d'un léger doute, d'une incertitude passagère où l'on ne se sent pas si solide que cela pour avoir besoin de se réconforter. Il suffit alors de se planter devant pour y retrouver l'image rassurante  de soi-même. Rassurante ? Ah, bien sûr pas toujours… Mais à part les lendemains de fêtes arrosées et les convalescences après quelque épisode nauséeux, grippe ou gastro de saison, l'effet est plutôt salutaire.

             Pourtant ce n'est pas si simple. D'abord parce que le reflet qui nous paraît unique et indiscutable n'en est qu'un parmi une multitude de possibilités virtuelles. C'est inquiétant et remet en cause toutes nos perceptions visuelles. Car le reflet n'existe que parce que quelqu'un est en train de regarder le miroir d'un point particulier et de se fabriquer une image mentale pour lui évidente et objective. Sinon les milliards de photons qui, à chaque instant  rebondissent sur la surface du miroir iraient se perdre Dieu sait où, se répercutant sur tout ce qui le permet a moins d'être transformés en chaleur par une matière absorbante et non réfléchissante.

             A chaque seconde, à chaque milliardième de seconde une infinité de reflets possibles se présente. Et parmi tous ceux-ci un seul se trouve matérialisé en devenant une image mentale, sorte de mirage élaboré par la complexité des interférences entre les synapses de nos neurones… Hors de notre cervelle, point de reflet. De même que l'appareil photo enregistre une image qui sans lui n'existerait pas, sans nous il n'y aurait jamais de reflet dans le miroir mais simplement une multitude d'ondes, vibrations multiples se propageant à des vitesses prodigieuses au sein du vide universel, quantique ou pas selon vos croyances ou vos références à la physique du même nom. Sans nous il n'y aurait pas de reflet dans le miroir.

             Mais voilà que je m'égare parce que le «  sans nous » ne réduit pas à néant nos amies les bêtes disposant d'yeux comparables aux nôtres et donc capables d'élaborer des images mentales. Ne fréquentant pas ces charmantes petites bêtes ronronnantes, j'ignore si un chat se « reconnait » dans un miroir. Mais il est certain qu'il y voit un reflet même s’il ne réalise pas ce que c'est. Peut-être croit-il que c'est aussi réel que ce qu'il voit derrière une vitre et qu'il ne peut pas atteindre ? Peut-être pourriez-vous combler une lacune dans mon appréciation du monde en me faisant part de vos observations de Minouchat qui vous réconforte de sa chaleur complice à l'heure où le jour décline irrémédiablement.

             J'en arrive au second miracle. L'expérience le confirme, à chaque instant plusieurs personnes postées devant le même miroir vont percevoir chacune un reflet particulier, irremplaçable, et chaque image dans chaque cervelle va être en perspective, c'est à dire déformée et mensongère même si avec l'habitude nous nous en accommodons très bien. Excusez- moi d'insister. Nous croyons percevoir la réalité alors qu'il ne s'agit que d'une traduction, une interprétation tellement spontanée et naturelle que nous ne nous en apercevons même pas. Essayez donc d'expliquer à un Australopithèque qu'il voit les choses en perspective. Il aura du mal à vous suivre. Pourtant  une vache ou un zébu bénéficient de cette même vision qui ne leur pose aucun problème pour se nourrir ou échapper au prédateur pourvu des mêmes caractéristiques de perception. A notre échelle nous constatons que nous pouvons serrer la main tendue par un ami ou faire la bise à la fille de la concierge avec un pourcentage de réussite impressionnant.

             Ainsi la réalité physique régie par les lois de l'optique est d'une complexité et d'une subtilité effarante. Nous vivons dans un monde d'interrelations ou tout réagit sur tout instantanément. Les images que nous enregistrons du monde n'ont qu'une valeur incroyablement sujette à caution. Et surtout on peut conclure en disant que chacun vit dans son monde qu'il se fabrique lui-même à chaque instant et en toute circonstance. Pour le meilleur et pour le pire.

            

 

                                                                 Le Chesnay le 7 novembre 2016

                                                                 Copyright Christian Lepère

"Miroir mon beau miroir" - détail

"Miroir mon beau miroir" - détail

"Miroir mon beau miroir" - détail

"Miroir mon beau miroir" - détail

"Miroir mon beau miroir" - détail

"Miroir mon beau miroir" - détail

J'espère 

que ces considérations ne vous auront pas

donné le tournis.

Sinon il ne vous reste plus qu'à aller prendre l'air en faisant très attention pour traverser la rue.

Toutefois la vision du conducteur du bus étant en perspective je crois qu'il saura vous éviter...

Bonne chance!

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6 décembre 2016 2 06 /12 /décembre /2016 07:56
"Nostalgie" - huile sur toile - 80 x 80 cm - 2006

"Nostalgie" - huile sur toile - 80 x 80 cm - 2006

Le Beaubourg de Monsieur Pompidou

 

             Somptueuse la pollution recouvre la capitale d'un voile triomphant. Par ce beau soleil hivernal Paris repose sous une lourde chape de particules fines. L'alerte est lancée. Il faut restreindre les activités et se déplacer avec prudence, sinon gare à nos bronches et à notre avenir citadin. Souhaitez-vous profiter longuement de votre retraite de fonctionnaire ? Envisagez-vous de vous maintenir à flot malgré les vicissitudes de la modernité ? Alors attention ! Soyez circonspect et prenez le métro, l'air y est plus sain qu'en surface.

             Je suis maintenant en train de flâner dans les ruelles qui jouxtent l'Hôtel de Ville. C'est le cœur de Paris, vétuste et pittoresque avec le charme un peu désuet de ses vieux immeubles et de ses voies bordées de boutiques et de commerces de proximité. Mais le monstre n'est pas loin...Il se tapit derrière tout cet enchevêtrement, il se planque dans le labyrinthe comme s'il voulait se faire oublier.

             Soudain c'est l'attaque ! La bête se dévoile, elle surgit et s'affirme dans toute son arrogance. C'est à peine si on a pu la pressentit et tout à coup elle est là. Des tubulures aux couleurs criardes, de géantes pièces de lego, des écoutilles monstrueuses et incongrues, sans doute utilitaires, c'est bien le moins. Et tout cela accumulé forme un gadget gigantesque qui vous submerge de sa prétention boursouflée. Ici on a fait très fort. Beaucoup mieux encore qu'avec la Pyramide du Louvre qui elle, au moins n'est pas laide en elle-même mais simplement hors de propos. Infiniment mieux qu'avec les Colonnes de Buren qui ornent le Palais Royal comme un dépôt dérisoire de présentoirs à chaussure pour commerce branché. Les dites installations paraissant délicieusement vieillottes avec le charme suranné des vestiges d'une époque déjà anciennes. Certes elles sont laides et d'un inintérêt flagrant mais on a eu le temps de s'y habituer en allant y promener son chien par de belles soirées paisibles. Et puis leur taille est modeste et malgré leur âge elles se portent bien. D'ailleurs elles accueillent encore la visite révérencieuse de touristes venus de fort loin pour se régénérer dans le bouillon de culture parisien.

             Mais on n'en est plus là. Place à la mondialisation. C'est de tous les horizons que les foules cosmopolites convergent vers ce centre culturel au cœur du patrimoine de l'humanité. C'est par cars entiers qu'elles se pressent toutes races confondues, toutes traditions mêlées pour converger vers le vif du sujet. Vers la laideur systématique promue au rang des Beaux Arts ou vers la provocation inepte présentée comme un questionnement métaphysique sur le devenir de la culture universelle.

             Il est vrai que la réussite est impressionnante et le score sans appel et que c'est une source de devises non négligeable en ces temps de vache maigre. Avouez que c'est au moins aussi rentable que de vendre des Mirages à des tyrans progressistes ouverts aux lois du marché ou à des démocraties fermement dirigées et qui ont bien le droit de se défendre contre les intentions malveillantes de voisins qui ne leur veulent pas que du bien.

             Soyons réalistes et ne négligeons aucun des atouts pour faire redémarrer la croissance et assurer l'avenir d'une économie qui a besoin de l'obsolescence programmée et de la perte de la biodiversité pour pouvoir conforter ses dividendes et faire triompher ses intérêts qui sont aussi les nôtres dans l'immédiat.

             A moins que vous ne soyez des passéistes rêveurs qui prennent encore plaisir à flâner dans les vieilles rues du Vieux Paris, dans ce Marais où l’histoire a laissé tant de traces et d’humanité.

             C’était au Bon Vieux Temps Jadis. Celui où l’humanité s’entre- déchirait avec entrain mais dans une convivialité de bon aloi. Bon an mal an on y érigeait Notre-Dame ou la Sainte Chapelle .Cette Notre-Dame dont on aperçoit encore les tours en descendant la rue Beaubourg avant de tomber sur le monstre, froid malgré ses couleurs criardes, imbécile  en dépit de sa fonctionnalité ingénieuse au regard des spécialistes et tellement polyvalente qu’elle peut accueillir tout, le pire et le meilleur racolant ainsi le plus vaste public qui ne se soucie pas forcément de l’emballage et vient juste voir ce qu’il abrite

             L’homme est un animal, certes, mais capable de transcendance et c’est ce qui le fait homme mais peut-être a-t-il besoin de repoussoirs pour continuer à fonctionner sans se perdre dans les nuées de l’idéalisme, dans les dérives de l’art pour l’art, dans de vaines rêveries. Alors Baubourg existe et perdure et c’est un lieu de rencontre et d’échanges. C’est même un aimant attirant les touristes les plus lointains et les intellectuels les plus soupçonneux comme Versailles dans un autre registre mais sans doute pour d’aussi mauvaise raisons.

 

                                                                   Le Chesnay le 5 décembre 2016

                                                                   Copyright Christian Lepère

            

"Nostalgie" - détail

"Nostalgie" - détail

"Nostalgie" - détail

"Nostalgie" - détail

"Nostalgie" - détail

"Nostalgie" - détail

Ce dernier texte rend compte de l'actualité

la plus contemporaine.

Le prochain

abordera

un thème 

de plus vaste envergure

et de portée plus directement universelle.

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29 novembre 2016 2 29 /11 /novembre /2016 08:13

Voici tout d’abord un petit texte où le peintre Michel Ogier

Nous en fait voir de toutes les couleurs.

Ses goûts correspondant aux miens

Je le livre à votre appréciation.

 

La couleur des rires et des pleurs

 

-Vous aimez les bleus ?

-Infiniment.

-Tous les bleus ?

-Tous ! Je ne quitte l’azur que pour plonger dans le marine, l’outremer et le turquoise. Pour un oui ou pour un non, j’ai une peur bleue de Prusse tirant sur l’indigo… J’en serais presque à réclamer des horions pour le seul plaisir d’admirer la couleur des ecchymoses…

-Et les rouges, vous les aimez aussi ?

-Si je les aime ? Rien que de les évoquer ils me viennent aux joues, Monsieur. Mes lèvres incarnates s’humectent déjà d’un Bordeaux à la robe carminée. Un saint Vermillon sans doute. Si mes nuits ne sont pas blanches mais noir de fumée, c’est dans un lie de vin que je rêve le feu écarlate, le sang rubis et le coquelicot si beau. Ah, Monsieur, le rouge est à mon corps ce que le bleu est à mon âme.

-Peut-être aimez-vous moins les autres teintes ?...

-Non point, Monsieur, je les aime tout autant. J’aime à me reposer sur la terre de Sienne, allongé près des mauves. J’aime le violet à Bayeux et le jaune à Naples. J’aime le gris de Payne et le vert de Véronèse. Je suis fou des ocres, du bistre et du cinabre. Je ne peux me passer du stil-de-grain, des écrus et des ébènes. Je me damne pour la blondeur Vénitienne, savant mélange de safran, de citron et de soleil. Toutes les couleurs littéralement m’enchantent. Toutes me ravissent, à part peut-être le kaki… Allez savoir pourquoi ?… 

                                                         Michel Ogier   le 19 novembre 2016

"Le gros bébé" - Michel Ogier

"Le gros bébé" - Michel Ogier

Et maintenant

reprenons nos bonnes vieilles habitudes!

"Féline et son chat" - Terre cuite - 40 x 50 cm - 2009

"Féline et son chat" - Terre cuite - 40 x 50 cm - 2009

Intellect canin

 

               Ce samedi matin je suis en train de peindre en écoutant France Culture. C'est l'heure de « Sur les épaules de Darwin » émission de Jean-Claude Ameisen. Je dresse l'oreille car c'est un auteur que j'ai en estime. Expert en biologie moléculaire et spécialiste de « l'apoptose » ou mort programmée de nos cellules, il est aussi ouvert à tout ce qui est humain. Histoire, philosophie et spiritualité sont ses sujets d'intérêt. Ses vues sont vastes et il établit des ponts entre tous les domaines actuels de recherche sans oublier de se relier aux connaissances traditionnelles.

               Aujourd'hui il nous parle des animaux de compagnie et de leurs rapports avec leurs maîtres. Les hasards de l'existence ont fait que je n'ai jamais eu ni chien ni chat et que, bien qu'ayant eu de nombreuses occasions de jouer avec eux je n'ai pas éprouvé le besoin de m'en entourer. Cela explique sans doute que mes vues soient un peu distantes et superficielles. Cependant j'ai tendance à penser que ces braves bêtes, plus complexes et subtiles qu'elles ne paraissent possèdent des talents que nous n'avons pas ou que nous laissons en friche par excès de rationalité pratique. C’est par exemple la capacité d'un chien d'avalanche capable de retrouver un skieur sous la neige alors que son flair ne peut détecter que des odeurs. C’est aussi l''étrange sensibilité des chats, fussent-ils de gouttière, laissant supposer qu'ils communiquent avec le vaste monde par des moyens qui semblent nous échapper. On ne grandit pas impunément dans un monde qui se veut utilitaire et délivré de toute superstition. Un monde où les prothèses technologiques nous sont indispensables pour communiquer avec nos semblables. Un monde où sans smartphone on en est réduit à mijoter dans son coin comme un handicapé de la communication.

               Mais tout excès a son bon côté. La recherche effrénée de la science pour imposer nos lubies au monde l'incite aussi à aller explorer des domaines moins directement rentables sur le plan de l'efficacité technique immédiate. Ainsi nos modernes chercheurs, pas tous mais quelques-uns, un peu moins formatés que les autres par l'optique utilitaire et la croissance à tout prix orientent leurs investigations vers d’autres domaines. Ceux-ci sont moins immédiatement rentables que le perfectionnement des kalachnikovs devenues un peu désuètes bien qu’elles rendent de grands services pour se protéger des infidèles.

               C'est ainsi que certains se posent des questions qui fâchent sur la place que nous occupons à la surface de la planète. Est-elle totalement justifiée ? Et au fait, connaissons-nous suffisamment les animaux pour décider une bonne fois pour toute que nous  leurs sommes supérieurs et qu'ils sont taillables et corvéables à merci pour notre plus grand confort ?

               Comme tout un chacun je pensais qu'un chien était sensible à ce que lui dit son maître. C'est évident ! Mais il me semblait que c'était pour des raisons purement affectives. Le ton de la voix, les mimiques déclenchaient chez lui des réactions émotionnelles qui le rendaient joyeux ou abattu ou penaud. Dans tout cela point de raison, pas de réflexion, simplement de l'affectif comme chez le nourrisson humain.     Et voilà que des chercheurs vont chercher la petite bête. Avec les matériels sophistiqués dont ils disposent maintenant ils peuvent organiser des expériences rigoureuses aboutissant à des graphiques et des statistiques difficilement réfutables. La science leur fournit des moyens d'investigation et les résultats ne sont plus subjectifs. Une question importante était de savoir si le cerveau d'un chien lui permet d'arriver à une pensée conceptuelle, abstraite, permettant de comprendre un langage.

               Certaines expériences semblent le montrer. Ainsi l'animal « comprendrait » des mots. Il ne serait pas sensible qu'à l'intonation. Et bien sûr ce serait le résultat d'un apprentissage. Le chien à qui son maître se serait adressé en russe finirait par y réagir de façon spécifique, exactement comme nous qui comprenons fort bien le français mais restons totalement stupides si un touriste aux yeux bridé nous demande son chemin en chinois au pied de la tour Eiffel.

               Un autre point m'intrigue. Un animal peut-il reconnaître l'image de quelque chose ? N'a-t-il pas besoin de la présence physique de l'objet ou de la personne pour l'identifier ? A cet égard une découverte étrange a été faite. Si un chien assiste à une projection de vidéo sur les chiens, non seulement il identifie ses congénères mais il capte les signes transmis par leur comportement. Et sa réponse est adaptée. Voici un exemple. La queue d'un chien s'agite en signe d'excitation, c'est bien connu, mais suivant l'émotion positive ou négative, l'orientation se fera vers la droite ou vers la gauche...Et le spectateur chien va réagir en fonction de ce signal en manifestant de l'euphorie ou de l'abattement. Tout cela sera confirmé par des analyses sanguines et des relevés d'activités cérébrales dans diverses zones du cerveau. On est loin de l'appréciation affective  de la mémère chien qui est toute émue par les marques d'affection de son toutou et dont l'objectivité n'est pas au-dessus de tout soupçon.

               Avouez que la science commence à devenir plus finement introspective. Elle découvre ce que certains savaient de tout temps, par exemple les dompteurs et autres dresseurs d'animaux savants. Mais ceux-ci pouvaient arriver à une grande maîtrise de leur art et même à une complicité viscérale sans en expliquer le pourquoi et le comment.

               N'étant nullement spécialiste je ne vous en dirai pas plus pour aujourd'hui. Si le sujet vous intéresse vous pouvez toujours vous brancher sur France Inter. C'est gratuit et ça n'engage à rien. En tout cas cela peut remettre en cause nos idées reçues. Reçues et non vérifiées évidemment.

               Excusez-moi si le non bouddhiste que je suis vous cite encore le Grand Compatissant qui dans sa clairvoyance a répété, maintes et maintes fois, sur tous les tons et dans des circonstances variées que selon lui nous n'avons pas à croire ce qu'il dit mais à le vérifier…

               Alors, à bon entendeur…

 

                                                              Le Chesnay le 27 novembre 2016

                                                              Copyright Christian Lepère

 

 

Patience!

la suite viendra en son temps... 

 

 

 

 

      

 

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22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 07:50
"L'ami des petites gens" - huile sur toile -61 x 50 cm -  2009

"L'ami des petites gens" - huile sur toile -61 x 50 cm - 2009

Cafouillage électronique

 

             Par ce bel automne j'emprunte l'autoroute pour me rendre en province. Arrivé au péage je m'engage devant une caisse. Horreur ! je ne trouve pas ma carte Visa. Disparue, perdue ou volée elle n'est plus là. Accablé par son absence je veux reculer pour me désengager. Mais déjà un autre véhicule me coince. J'enclenche le warning et mon suiveur recule. Il ne me reste plus qu'à me présenter à une autre caisse acceptant la monnaie.

             Je peux maintenant reprendre mes esprits et aviser. D'abord prévenir la banque pour faire opposition. C'est évident ! Dans mes papiers je trouve les numéros de téléphone à contacter en cas d'urgence. Le premier n'est plus valable. Un second, surtaxé, me met en relation avec un robot qui me questionne avant de me réorienter vers un autre numéro. A nouveau je fournis les données indispensables qui me permettent d'arriver sur un site  également surtaxé où on me demande le numéro de la carte perdue. Je l'ai ! Il est noté soigneusement. Je le tape pour apprendre qu'il est « erroné ». Erreur de composition de ma part ? Je recommence...réponse identique. Mais on peut à la place fournir son numéro de portable. Génial ! Je le tape soigneusement et la réponse tombe, à nouveau lapidaire : « erroné ». Je recommence. Même procédure, même effet. Coincé je n'ai plus qu'à reprendre ma route en priant St Christophe de m'épargner le pire.

             Arrivé à bon port je vais recevoir de l'aide. Le responsable du stage auquel je viens participer décide, pour me détendre de m'aider à résoudre mon problème. Sur son portable il recommence les diverses démarches que je lui indique. Hélas ! Même procédure, même enchaînement, même réponse. Enfin il arrive à avoir un contact direct avec un conseiller de la B.N.P.  Merveille ! Enfin une présence humaine au bout du fil ce qui permet des interventions plus nuancées. J'explique tout et, mon message étant entendu et compris, je peux faire opposition. Pour achever de me détendre mon interlocuteur me confirme que ma carte est bloquée définitivement et qu'on va m'en expédier une nouvelle dans un délai raisonnable. Rassuré, je n'ai plus rien à craindre d'inattendu. Dieu merci j'ai un chéquier et pas mal de menue monnaie pour tenir une dizaine de jours.

             J'ai bien peur que ce genre d'aventure ne vous soit déjà arrivé. Un code confidentiel peut avoir été changé, un numéro  de carte ancien et non supprimé peut en masquer un autre plus récent. Et de toute façon, si l'erreur est humaine, l'informatique peut avoir aussi des défaillances. Par exemple des « mémoires parasites » qui se forment accidentellement au cours de manipulations et qui ensuite ont force de loi. La chose m'est arrivée avec insistance sur ma voiture avec un clignotant d'alerte qui s'allumant sans raison vraiment valable bridait brutalement le moteur à 60 km heure, sur autoroute de préférence…

             Pour le pittoresque je peux aussi préciser qu’en tapant un  certain code secret je vois apparaître les petites étoiles réglementaires sauf pour la dernière lettre qui conserve sa personnalité au moins pendant deux secondes avant, éventuellement, de disparaître…

             Est-il bien rassurant de constater que la technologie numérique toute puissante peut manifester les mêmes fantaisies que les circuits neuronaux de nos cervelles de civilisés branchés ? Cela restitue-t-il un peu d'humanité à des processus d'une rigueur mathématique ? Je ne sais trop mais en tout cas l'acceptation de ces flottements peut nous inciter à un peu plus d'humilité et de souplesse. Et comme c'est ce qui nous manque en tant que contemporains, c'est peut-être une bonne chose de constater que rien n'est jamais totalement certain, même dans ce monde hyper complexe et robotisé qui nous héberge gentiment en attendant la suite où va se déployer la marche triomphale du progrès qui se poursuit inexorablement.

 

                                                                  Le Chesnay le 4 novembre 2016

                                                                  Copyright Christian Lepère

 


            

"L'ami des petites gens" - détail

"L'ami des petites gens" - détail

"L'ami des petites gens" - détail

"L'ami des petites gens" - détail

Et maintenant un rappel

à l'occasion de l'exposition de quelques peintures :

 

316 - Cafouillage électronique
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16 novembre 2016 3 16 /11 /novembre /2016 13:55

MESSAGE COLLECTIF

 

Participation à une exposition

 

J'expose 6 peintures

dans la galerie

 

« Espace Image in Air »

 

(Concept Store Gallery du Club des Ateliers d'Artistes)

 

119 rue St Martin – 75004 Paris

En face du centre Georges Pompidou

 

Du jeudi 24 novembre au 7 décembre

Heures d’ouverture : de 11 à 20 heures tous les jours sauf le mercredi

 

Vernissages : jeudi 24 novembre et jeudi 1 décembre

De 17 à 20 heures

 

      

 

"S.D.F. en attente de jours meilleurs" - huile sur toile - 100 x 81 cm

"S.D.F. en attente de jours meilleurs" - huile sur toile - 100 x 81 cm

Exposition de peintures
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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 07:49
 "Sardanapale" - huile sur toile -  46 x 38 cm -  1992

"Sardanapale" - huile sur toile - 46 x 38 cm - 1992

Donald

Mâle dominant

 

           Voilà c'est fait ! C'est établi et confirmé ! Sans discussion et sans bavure. Donald est l'homme le plus puissant du monde. Grand délirant, menteur prolifique, grand pourfendeur de vérités premières il a su s'imposer. Il est vrai que c'est un grand communicant, un spécialiste du show-biz. Certes il n'est pas le premier et un certain Hitler (Adolf pour ceux qui le regrettent) a fait encore mieux dans le genre, surtout  pour son époque et avec les moyens réduits dont il disposait. Mieux, mais pas aussi grandiose que Staline, le petit père des peuples tellement aimé par ceux qu'il sacrifiait pour l'intérêt supérieur de son pouvoir, ou Mao le Grand Timonier dont le rayonnement n'est pas encore totalement éteint.

           Les grands manipulateurs ont souvent commencé leur carrière en promettant justice et équité au bon peuple opprimé. Le milliardaire Donald est dans la continuité. Il va protéger l'accablé et l'injustement brimé, snobé par les élites, laminé par la mondialisation et lui rendre toute sa dignité.

           La situation globale n'est guère favorable et d'autres s'y sont cassé les dents. Comment faire quand on est entouré de toutes parts par des peules, des ethnies et des populations dont les croyances et les convictions sont pour le moins irréductibles à un consensus raisonnable ? Comment concilier des athées matérialistes qui ne jurent que par leurs statistiques financières et leurs courbes du chômage avec des croyants qui se préoccupent de leur âme et de son avenir post-mortem ? Je parle ici du bon peuple, pas de ses dirigeants plus roués qui savent tirer parti des revenus juteux des pétrodollars et faire fructifier leurs dividendes dans des paradis plus fiscaux que proches du 7ème ciel cher au Prophète.

           Donc Donald a gagné et Hillary est accablée. De première femme Président des États-Unis, virtuelle, c'est entendu, la voilà rétrogradée. Pourtant ça aurait fait date et même sans doute marqué l'histoire. Mais que voulez-vous ? Les esprits n'étaient pas prêts...Et puis quand même un grand mâle dominant c'est autre chose qu'une bonne femme intellectuelle, d'ailleurs soutenue par ses complices de l'Establishment.

           Mais Donald est élu. Finis les grands meetings. Finis les flonflons et les déclarations fracassantes. Il lui va falloir passer à l'acte. De fins exégètes ont observé tout cela avec acuité. Et ils tentent de prévoir les suites. D'abord les promesses faites sont des promesses électorales. On sait quelle confiance on peut leur accorder, même si leur auteur n'avait pas été un spécialiste éblouissant du paradoxe et de la déclaration à l'emporte-pièce. Donc tout a été promis, ainsi que son contraire, mais dans l'enthousiasme et la bonne humeur. Avec brio leur auteur pourra s'en sortir avec quelques pirouettes et des guirlandes de justifications adéquates.

           Il risque probablement d'y avoir un grand gagnant : le réchauffement climatique qui pourra s'en donner à cœur joie. Jugé avec dédain comme une mauvaise plaisanterie, il se pourrait qu'il nous réserve un avenir chaleureux. Mais il donnera une excellente occasion de se battre contre la nature donc de prouver que les citoyens des U.S.A. sont les plus forts. Capables aussi de se défendre par eux-mêmes puisque le port d'arme est un droit imprescriptible, plus important que la sécurité sociale.

           L'avenir est à un monde viril où on ne se laisse pas faire ! Cela vous rappelle certaines idéologies qui ont eu leur succès? Et suscité de grands enthousiasmes ? Allons, vous n'êtes que des passéistes qui se gargarisent avec des histoires anciennes. Place à l'avenir ! Place au progrès social ! Mais ne soyons pas naïfs...Fermons les frontières pour nous protéger des intrus et serrons nous les coudes entre gens de bonne compagnie. Enfin débarrassés de tous ces autres qui s'obstinent à être pauvres, on se demande pourquoi, et à venir chez nous alors que chez eux il y a tant de place vide. Un peu désertique peut-être mais pleine de possibilités si on ne se complaît pas dans une paresse coupable. Et délétère.  Et contre-productive.

 

                                                                  Le Chesnay le 11 novembre 2016

                                                                  Copyright Christian Lepère 

"Sardanapale" - détail

"Sardanapale" - détail

"Sardanapale" - détail

"Sardanapale" - détail

"Sardanapale" - détail

"Sardanapale" - détail

"Sardanapale" - détail

"Sardanapale" - détail

Après les turpitudes humaines

vous aurez droit à la malveillance du numérique connecté.

Bonne semaine en attendant!

 

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8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 08:12
"Décadence rock" - huile sur toile - 46 x 38 cm - 2010

"Décadence rock" - huile sur toile - 46 x 38 cm - 2010

Nature améliorée

Suite et fin

 

            La chose est maintenant bien connue : toute forme d'amélioration du vivant déclenche des réactions d'adaptation. C'est ainsi que les germes et autres bactéries deviennent  par d'ingénieuses mutations, résistants aux antibiotiques. Alors bien sûr il faut augmenter les doses et, inévitablement, les effets secondaires de ce matraquage aussi pervers qu'inévitable.

            On en est donc arrivé assez vite à multiplier les épandages d’insecticides. Par avion c’est plus rapide et beaucoup plus radical. Ça ressemble un peu à la déforestation par le napalm mais c’est pour la bonne cause. Ah, bien sûr il subsiste des populations à proximité des « déserts verts » et elles en prennent plein les narines. C’est ce qu’on appelle des dommages collatéraux. Infiniment regrettables mais que voulez-vous on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs… Cependant Monsanto a une éthique et sait se plier aux lois, surtout celles qui abondent dans son sens et lui permettent de faire de juteux bénéfices. Tenez, par exemple, le monopole des brevets qui permettent à un inventeur, bienfaiteur de l’humanité, de toucher les bénéfices de ses trouvailles. D’éviter d’être pillé. Appliquons donc cela aux recherches génétiques. La firme qui a concocté une nouvelle espèce de soja miracle ou de maïs néo- libérale va pouvoir la faire breveter.

            C’est là que la logique légale va échapper au simple paysan qui a utilisé l’espèce génétiquement modifiée. Après avoir récolté il va maintenant épargner une partie des graines pour pouvoir les replanter ainsi qu’il le faisait depuis toujours. Eh bien non ! C’est intolérable ! L’espèce modifiée est devenue la propriété intellectuelle de son créateur. Il va donc devoir l’acheter à nouveau. Sinon il sera traîné devant les tribunaux comme tout contrevenant qui enfreint la loi.

            Je ne crois pas que les négriers du commerce triangulaire invoquaient ce genre de principe que seuls les progrès de la manipulation génétique ont rendu possibles. A l’époque on était plus spontané et naturel. Et la loi du plus fort n’avait même pas vraiment besoin d’être justifiée ou alors par des arguments religieux devenus parole d’évangile. Par exemple : Les indigènes ont-ils une âme qui en ferait des humains ? Des chrétiens potentiels ? Il suffit alors de les plonger dans des conditions ou leur comportement sera celui d’un animal assurant sa survie. C’est-à-dire bestial. Et la preuve sera faite. Mais sur le radeau de la Méduse, chère à Géricault les pratiques anthropophages n’étaient pas forcément le fait de brutes à faciès négroïde. La majorité était de carnation plus nuancée. L’occasion ferait-elle le larron ? Espérons qu’aucun fait divers actuel ne viendra conforter cet horrible soupçon.

            Pour les plantes transgénique le progrès n’aura donc pas été aussi massif et linéaire que prévu. Il semblerait même que les effets pervers accumulés finissent par contredire l’excellence des intentions proclamées. Mais nous vivons dans un monde libéral jusqu’à plus soif où les élites persistent à penser que les choses vont s’arranger d’elles-mêmes. Laissez les gens s’enrichir, ils finiront par se calmer et pleins de reconnaissance seront prêts à partager les bénéfices en regrettant amèrement leurs erreurs. Avouez que c’est une perspective enivrante. Alors dormez en paix braves gens ! Tout est sous contrôle. La zone est sécurisée.

 

                                                             Le Chesnay le 17 octobre 2016

                                                             Copyright Christian Lepère

 

"Décadence rock" - détail

"Décadence rock" - détail

"Décadence rock" - détail

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"Décadence rock" - détail

Le progrès est en marche.

inexorablement!

Affaire à suivre...

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3 novembre 2016 4 03 /11 /novembre /2016 09:38
"Ainsi va la vie" - huile sur toile - 65 x 54 cm - 1993

"Ainsi va la vie" - huile sur toile - 65 x 54 cm - 1993

Nature améliorée

 

            Ce soir j'ai du vague à l'âme. Les jours raccourcissent et le ciel se fait moins serein. Au loin des nuages se sont accumulés. Alors je saisis la télécommande et j'appuie pour avoir des nouvelles du vaste monde. Mal m'en a pris. Sur Arte un document apparaît où il est question d' o.g.m.

            La télévision est un moyen magique, tel Internet il permet d'affirmer n'importe quoi haut et fort. Les politiques, hommes et femmes, nous en assènent la preuve à longueur d’antenne. Les informations dont on nous inonde ne sont jamais dénuées d'intentions et de parti pris. Malgré cela Arte semble avoir un certain recul, une relative objectivité. Alors je prête une oreille attentive à ce qui s'y révèle. Avec quand même le recul nécessaire. Ouverture ne veut pas dire candeur naïve.

            Il s'agissait donc de traiter le problème préoccupant des o.g.m. J'y ai vu confirmer bien des soupçons et en tout cas remettre en question quelques certitudes douteuses.

            Comme souvent l'intention de départ des grandes firmes semblait très moral. Comment nourrir correctement la population mondiale ? Comment se charger de 7 milliards d'individus se reproduisant à qui mieux mieux ? Logiquement la solution est d'accroître la production mondiale par tous les moyens connus. Industrialisation, usage massif d'engrais et de pesticides dispensés à l'aide d'un matériel technique hautement performant. Fort bien ! Et l'économie libérale mondialisée en est enchantée. Enfin elle va pouvoir s'éclater ! Et pour la meilleure des causes…

            Mais les dangers sont bien connus. D'abord l'avenir du monde va se retrouver entre les mains des plus puissants, des prédateurs capables d'imposer leurs vues. Pour le plus grand bien des arriérés incapables de survivre par leurs propres moyens. Reste le prix à payer. Appauvrissement des sols, diminution de la biodiversité et effets secondaires des épandages chimiques prodigués avec une frénésie très profitable à quelques multi nationales.

            Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions. En créant les o.g.m. on pensait naïvement régler plusieurs problèmes insolubles. Protéger les cultures intensives contre leurs prédateurs naturels semblait primordial. Comment soustraire les plantes à la voracité des insectes et de leurs larves sans les inonder de pesticides. Mais voyons, en leur donnant les moyens de se protéger par leurs propres moyens ! En bricolant le génome. En introduisant dans leur ADN des séquences qui  leur permettent de faire face toutes seules et de rendre inutile l’intervention chimique…

            Alors tout le monde il est beau, tout le monde il est content et de plus en excellente santé ! Mais ce beau rêve n'oubliait qu'un détail, merveilleux et accablant, c'est à dire  l'inépuisable créativité de la nature et ses prodigieuses facultés d'adaptation. Celles-là mêmes qui ont permis l'évolution de la vie sur notre planète vers des formes de plus en plus complexes et délirantes d'invention.

 

                                                                                                       à suivre…      

 

"Ainsi va la vie" - détail

"Ainsi va la vie" - détail

"Ainsi va la vie" - détail

"Ainsi va la vie" - détail

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18 octobre 2016 2 18 /10 /octobre /2016 07:23
"Bleu comme le ciel" - huile sur toile - 61 x 46 cm - 1985

"Bleu comme le ciel" - huile sur toile - 61 x 46 cm - 1985

Second service

 

              Pourquoi chercher plus loin quand une histoire a fait ses preuves ? Je vous avais il y a quelque temps (le 11 octobre 2011, N° 68) raconté les aventures édifiantes de ce malheureux qui, en prenant l'ascenseur pour descendre  de chez lui un matin avait trouvé, gisant derrière la porte palière, un cadavre. La suite en découlait comme dans un thriller en haute définition. Mais tout s'use et d'ailleurs l'effet de surprise est essentiel dans ce genre de récit  apte à déclencher des flots d'adrénaline en vous procurant l'étrange jouissance  du voyeur non concerné calé dans son fauteuil avec sa petite bière et ses pop corn.

             Mais on ne peut se shooter indéfiniment au fait divers fut-il ignoble au-delà du bienséant. Ou bien gare à l'overdose suivie de l'accoutumance puis de l'ennui irrémédiable.

              Donc ce matin là mon héros, appelons le Albert car c'est son nom, a pénétré dans la cabine suspendue sans émoi particulier. Tout était simple et ordinaire. Nulle trace de sang coagulé suspecte en ce lieu de claustrophobie discrète. Nulle touffe de cheveux arrachée jonchant le paillasson. Pas la moindre trace de lutte ou de résistance. Rien enfin pour vous faire frémir et palpiter d'angoisse. Que c'était-il passé? Rien vraisemblablement. Ce qui est peu.

              Pourtant nous vivons une époque délirante. Celle où tous les possibles se pressant à qui mieux mieux sont prêts à nous submerger d'évidences accablantes ou à nous livrer à des accès euphoriques suivis de dépressions et de burn out .

Après tout Donald Trump peut devenir président des États-Unis et la petite Marine se retrouver à la barre de notre beau pays enfin pacifié et voguant « Fluctuat nec mergitur » sur des eaux tumultueuses où s'anéantissent des hordes de migrants venant y engloutir leur misérable existence aussi vaine que surnuméraire.

              Tout cela est bien triste mais au moins on aura sauvé les meubles. Jeanne d'Arc pourra reposer paisiblement, elle qui  en son temps a bouté les Anglois hors de France pour nous permettre de vivre entre Gaulois de bonne compagnie. Et puis Dieu merci, depuis ces temps mythiques Zorro est arrivé et sous le masque du justicier c'est Sarkosy qui renoue avec Vercingétorix, héros et complice de Napoléon 3 chantre de la France éternelle.

              Donc ce matin il n'y avait aucun cadavre dans l'ascenseur. Après avoir atteint le rez de chaussée en passant par l'entresol Albert était sorti de chez lui. La porte était grande ouverte. Pas de code à taper ni de verrou à débloquer. Les poubelles étaient sur le trottoir, vides, ce qui est plus propre. En tout cas Salam Abdeslam n'y avait pas jeté sa ceinture d'explosifs.

              Un peu plus tard aucun colis suspect n'attirait l'attention vigilante des autorités sur le quai du métro et personne ne songeait à tirer le signal d'alarme au risque de bloquer des hordes d'usagers qui auraient failli à leur mission en arrivant en retard au bureau. Tout allait pour le mieux.

              Aucun camion fou n'avait semé la terreur en dépassant les bornes. Sur le boulevard Sébastopol des files de voitures circulaient à allure réglementaire en respectant les feux rouges. Aucune n'était piégée. Et même les camions de livraison stationnés sur les places qui leur étaient réservées ne voyaient s'échapper de sous leurs bâches aucun échappé de la jungle de Calais qui se seraient trompé de direction, croyant partir pour l'Angleterre et un avenir radieux.

              Donc tout était cool. Mais Albert n'était pas si simple. Quand tout allait bien,  c'est lui qui allait mal. Lui qui se rongeait les sangs. Car sa vie était insipide, sans relief et sans espoir.

              Certes il avait un bon poste et siégeait au  54ème étage d'une des tours majeures de la Défense. Son poste était irremplaçable. Il gérait les ressources humaines d’une grande compagnie d’assurance et jouissait d’une vue panoramique sur le grand Paris. Jusqu’à l’horizon sa vue était enchantée par la tour Eiffel et la tour Montparnasse ponctuant la grande ville de leurs signaux totémiques.

              Il est notoire qu’il passait ses vacances sur la côte Dalmate ce qui est moins banal que le club Med des Maldives. Sa voiture hybride cumulait les avantages d’un modernisme écologique à l’assurance de ce qui a fait ses preuves même si l’émission de CO 2  est encore fautive. Car on sait où mène l’idéalisme et la recherche des solutions irréprochables. Sa famille était honnêtement recomposée mais sans excès, sans esbroufe et sans conformisme. Il avait eu plusieurs épouses mais successivement et elles étaient toutes de sexe féminin. Du moins jusqu’à preuve du contraire car en ce domaine les progrès de la chirurgie et des manipulations hormonales nous ouvrent des perspectives fantastiques de bi, de trans et de poly sexualités assumées. Après les O.G.M. les Homo G.M…Ses enfants étaient pluriethniques et de couleurs nuancées. Et enfin il était écolo ne jurant que par les médecines douces et alternatives sauf en cas de grippe car alors il ne faut pas rigoler en prenant des risques avec des souches virales qui déploient des stratégies réactionnaires dignes des époques révolues ou Pasteur traquait les microbes et les germes avec des moyens obsolètes.

              Pourquoi vous en dire plus ? Albert est un brave homme, si ce n’est un homme brave et après tout il est heureux qu’il n’ait pas eu à affronter l’horreur d’un fait divers. Au moins cela lui permettra de rentrer paisiblement chez lui en prenant l’ascenseur pour rejoindre son bel appartement au 5ème, vaste et confortable où il pourra visionner sur sa télé super extra plate le drame horrible du malheureux qui découvre un cadavre dans la cabine. Et si cette œuvre de fiction lui change agréablement les idées en le déstressant ce sera tout bénéfice pour son épouse actuelle et sa progéniture agréablement diversifiée.

 

                                                               Le Chesnay le 10 octobre 2016

                                                               Copyright Christian Lepère

 

"Bleu comme le ciel" - détail

"Bleu comme le ciel" - détail

"Bleu comme le ciel" - détail

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Après ces considérations vaines

sur un sujet

un peu 

niais

à quoi peut-on s'attendre? Au pire? On verra bien...

 

 

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11 octobre 2016 2 11 /10 /octobre /2016 07:38
"La route des crêtes" - dessin aquarellé vernis acrylique - 30 x 42 cm - 1984

"La route des crêtes" - dessin aquarellé vernis acrylique - 30 x 42 cm - 1984

The Big One

Dis moi qui tu Trump

 

             Ah Donald ! Mais c'est toute mon enfance qui surgit en se dandinant du croupion, claquant du bec et nasillant pour mieux convaincre. Quelle joie de retrouver un facétieux à tout faire ! Un qui n'hésite pas à mettre ses grands pieds palmés dans le plat des autres.

             Tout cancanant le revoilà . Et derrière lui l'oncle Picsou, ce vieux grognon qui machine et peaufine ses tours pendables, ses ruses véloces pour s'emparer de tout et du reste. Vieil avaricieux qui n'aura de cesse avant de pouvoir attendre la fin du monde assis sur son magot.

             Mais depuis le bon vieux temps l'ambiance est devenue plus morose. Avec des fins de mois de fonctionnaires smicards accablés par les soucis mesquins du quotidien et qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Les bouts de quoi au fait ? Mais les bouts de ficelle-de cheval-de course-à pied-à Terre de Feu….qui faisaient tant rigoler mes copains de la petite école.

             Alors pensez si Donald Trump a la cote à mon hit parade ! C'est qu'il me rappelle tant d'émois de l'époque où le héros pouvait tout se permettre. Tout emberlificoter et se prendre les pattes dans le tapis sans coup férir. Et cependant rebondir avant de s'aplatir sur la porte qu'il oublie d'ouvrir. Avec enthousiasme et fracas comme dans les bons vieux films du bon vieux Disney. Ce cher Walter, idole du pré-adolescent que je fus en son temps et à son heure comme il se doit. Mais rien n'est grave et ça cartoone  et ça rebondit et ça postillonne !

             Mais revenons à la télé et à ses grands show populaires, ceux qui mêlent les élans du coeur à l'information juteuse et au scoop à scandale qui va émouvoir la masse avide de savoir les dessous de tout.

             Mais Donald n'est pas seul, ce serait trop triste. Comme Daisy s'est absentée il doit se contenter d'Hillary. C'est mieux que rien et puis au moins elle a un passé et des connaissances et des appuis et un palmarès. Avec en prime Bill qui veille dans les coulisses. Bref, de quoi rebondir sur autre chose qu'un mol édredon. Le bon peuple est bon, bien sûr, mais il faut que ça saigne, sinon à quoi ça sert ?

             Passons maintenant aux choses sérieuses. Donald a un but, noble et humanitaire. S'il veut devenir Président ce n'est pas par vaine gloriole mais pour faire profiter ses semblables, tous ses semblables et eux uniquement de l'expérience qu'il a acquise durement à la sueur de son front qu'il a vaste comme ses vues.

             Donc il veut devenir The First, The Big One. Car alors il n'y aurait plus de problèmes ! Que des solutions. Définitives et sans appel. Au moins tant que le monde ne s'obstinera pas à vouloir tout compliquer en introduisant de l'aléatoire d'un goût douteux par l’adjonction de conjonctures perverses. Ou bien en créant des atermoiements démocratiques au nom de valeurs rétrogrades.

             Ah ! Où est-il passé le Bon Vieux Temps où des Super Héros dotés de Super-Pouvoirs pouvaient faire plier le genou à l'adversité la plus inconvenante. Et expédier au goulag ceux qui s'obstinaient à refroidir l'enthousiasme des masses prolétaires par pur dépit et jalousie, sans oublier une mesquinerie sans excuse.

             Mais Donald est arrivé comme Zorro. Lui au moins peut ne pas payer ses impôts ni se soumettre à des règlements tatillons juste bons pour les has- been qui ont leur avenir dans le dos et sont tout juste capables d’agiter des banderoles pour demander justice et égalité pour des faibles et des incompétents qui ne leur en seront même pas reconnaissants.

 

                                                            Le Chesnay le 4 octobre 2016

                                                            Copyright Christian Lepère

"La route des crêtes" - détail

"La route des crêtes" - détail

"La route des crêtes" - détail

"La route des crêtes" - détail

Il paraît,

mais on en dit tant

que Donald

a des problèmes actuellement avec Hillary.

Mon texte a été rédigé avant et je ne peux donc pas garantir les suites..

Veuillez m'en excuser.

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