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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 08:34
"Pays de Cocagne" - gravure à l'eau-forte imprimée sur vélin d'Arches - format raisin (50 x 65 cm) - 1976

"Pays de Cocagne" - gravure à l'eau-forte imprimée sur vélin d'Arches - format raisin (50 x 65 cm) - 1976

 

 

La dalle de Palenque

Suite et fin

 

               J'en arrive maintenant à Palenque. Sur ce site mexicain mondialement connu les Mayas ont érigé une puissante cité. Temples et pyramides y sont noyés dans une végétation exubérante. C'est dans un tombeau que se trouve la fameuse dalle. C'est le couvercle du sarcophage d'un grand roi. De dimensions imposantes elle est sculptée en bas-relief d'un sujet précis et parfaitement conservé. Aucun flou. Aucun manque. Tout est là sous nos yeux, intact.

               Un homme, sans doute le roi enseveli, est vu de profil dans une posture curieuse en ce genre de circonstance. Penché en avant il semble scruter attentivement Dieu sait quoi. Ses mains ont l'air de manipuler quelque chose. Il est confiné dans un espace qui fait plus penser à l'intérieur d'un habitacle qu'à celui d'un tombeau enfin, derrière lui  un objet indéfini est complété par un tracé de lignes qui font curieusement penser aux moyens graphiques employés par les dessinateurs de b.d. pour suggérer le mouvement ou même une poussée. Certains voient dans cette figure un cosmonaute en pleine action pendant que d'autres rigolent grassement devant tant de naïveté. Mais non ! Il s'agit du roi, un brave primitif qui se livre à quelque rite cérémoniel pour son passage dans l'au-delà. C'est très joli et fort bien sculpté. Chapeau pour l'artiste ! Mais vous n'allez pas nous demander de croire aux soucoupes volantes !

 

Dalle de Palenque

Dalle de Palenque

 

               Certes non, car il y a une différence entre croire et se poser des questions. En ce sens les détracteurs me semblent aussi englués dans la croyance que ceux qui naïvement prennent leurs désirs pour des réalités  et se précipitent sur une hypothèse qui correspond à leur fantasme. J'ai quand même eu la surprise un peu consternée que sur Wikipédia on faisait évidemment mention de la fameuse dalle mais sans même mentionner l'hypothèse du cosmonaute qui a pourtant attiré l'attention sur la toile. Et qui après tout mérite d'être étudiée ne serait-ce que d'un point de vue psychologique. Après tout on étudie bien les coutumes et croyances relieuses. Pourquoi pas aussi les fantasmes des adeptes de « Stars Wars » ?

 Pour ma part, aussi loufoque qu'elle puisse paraître la première explication me semble difficile à contester d'emblée. Bien sûr, l'examiner avec soin amènerait à remettre en cause bien des certitudes et toutes nos références habituelles tant historiques qu'archéologiques. Il est vrai que c'est beaucoup ! Que c'est trop ! Que ça dérange…. Et un tas de spécialistes sérieux et diplômés seraient amenés à se remettre en question. Voyons ! Soyons raisonnables ! Continuons à dormir mollement calfeutrés dans nos certitudes ! Celles de ceux qui n'ont pas cru que la terre tournait et qu'on pourrait, contre toute logique, faire voler un plus lourd que l'air ou même propulser une fusée pour la faire échapper à la pesanteur sans disposer d'une quantité telle de carburant que son poids la clouerait au sol irrémédiablement. Sans croire à la dérive des continents pourtant encore contestée avec virulence en 1960…

               Je ne sais plus qui a dit « Ce n'est pas la vérité qui triomphe, mais ses adversaires finissent toujours par mourir ». Je cite de mémoire.

               Je n'ai pour ma part jamais vu de soucoupe volante, ni fréquenté de petits hommes verts, sauf au carnaval de Nice. Je ne fais pas tourner les tables et je me méfie beaucoup des affirmations péremptoires de témoins dont le surmoi a besoin de croire aux miracles, à moins qu'ils ne soient que d'habiles menteurs très doués pour monter des canulars lucratifs. Dans ces domaines incertains n'importe qui peut prétendre n'importe quoi. Cependant il y a tant de choses étranges et inexpliquées dans ce vaste monde que la moindre des prudences serait de s'y intéresser. D'aller voir sur place, ne serait-ce que pour démasquer la supercherie. Mais c'est un fait que le haussement d'épaule et le sourire dédaigneux exigent moins de recherche, de travail et d’honnêteté intellectuelle. Moins d'efforts, surtout.

               Se pourrait-il que la paresse intellectuelle soit une composante de base d'un grand nombre de scientifiques ? Surtout ceux qui ont une image de marque à préserver et une carrière à protéger car elle leur permet de faire bonne figure dans notre société de consommation ? A vous de voir.

               Mais je ne peux m'empêcher d'attirer l'attention sur un des maux provoqués par internet : le forum. Le principe peut en paraître séduisant puisqu'il permet d'échanger des idées et de s'éclairer mutuellement. Hélas ! C'est tellement facile et ça incite tant à dire n'importe quoi sur tout pour le simple plaisir de rebondir. Si c'est un jeu, pourquoi pas ? Mais l'ennui est que beaucoup se prennent au sérieux et propagent des idées simplistes étayées à coup d'arguments à la va comme je te pousse. Le tout émaillé de fautes de frappe et bourré d'initiatives orthographiques pleines de créativité. Quand ce n'est pas rédigé selon une syntaxe digne des modes d'emploi traduits automatiquement depuis le chinois d'origine. Donc tout est là pour que des rumeurs puissent se répandre. C'est ainsi que les théories du complot vont s'opposer à la frilosité des « spécialistes » bardés de références et de statistiques et qui ont une réputation à défendre, quitte à ignorer tout ce qui fâche. Tout ce qui pourrait les faire sortir de leur consensus habituel où ils occupent une position plus ou moins privilégiée, digne d’eux-mêmes et du respect de leurs pairs.

 

                                                                    Le Chesnay le 27 décembre 2015

                                                                    Copyright Christian Lepère

 

 

"Pays de Cocagne" - détail

"Pays de Cocagne" - détail

272 - La dalle de Palenque - suite et fin
272 - La dalle de Palenque - suite et fin

A bientôt 

pour

de

nouvelles aventures!

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5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 09:08
"La conquête de l'air" - huile sur toile - 65 x 54 cm - 2005

"La conquête de l'air" - huile sur toile - 65 x 54 cm - 2005

La dalle de Palenque

Préambule

 

               J'avoue, je suis un sceptique, mais pas de la race de ceux qu'un tempérament hypocondriaque pousse à douter de tout et à se détruire la santé par peur d'un optimisme naïf. Certes le pire est toujours possible, cependant comme il n'est jamais certain on peut se laisser vivre sans remords excessifs.

               Ceci étant posé, je me sens plus léger pour aborder des sujets qui laissent perplexes.

               Il y a peu une amie m'a remis entre les mains un livre un peu dérangeant et d'un volume menaçant d'être indigeste. Intrigué je l'ai lu. C'était « Le champ » de Lynne Mac Taggart, personne inconnue de moi et peut-être aussi de vous-même. C'est une journaliste qui porte intérêt aux sciences et notamment à la physique quantique et à ses aspects dérivés pouvant concerner tout un chacun. L'ouvrage est sérieux et très documenté car l'auteur a beaucoup fréquenté les scientifiques dont elle raconte la vie et les recherches. Ceux-ci intéressés par des sujets que les autorités officielles ont tendance à ignorer, si ce n'est à suspecter, n'ont jamais joui de beaucoup d'appuis et ont même souvent été mis sur la touche. Par exemple Jacques Benveniste et ses travaux sur la « mémoire de l'eau ». Travaux menés avec rigueur mais qui avaient le grave défaut de justifier l’homéopathie alors que la position officielle est que l'action bénéfique d'un médicament résidant dans ses molécules actives se trouve annulée en  l'absence de ces dernières. Il est vrai qu'à force de dilutions il n'en reste plus la moindre trace...et que l'industrie pharmaceutique allopathique a absolument besoin de ces dernières qui constituent son fonds de commerce…

               Or, « Le champ » parle des recherches sur le « vide quantique », c'est à dire sur le plus impalpable dont apparemment nous n'avons que faire ! Pourtant ce « vide » qui occupe la quasi-totalité de l'espace aussi bien interplanétaire qu'atomique semble avoir des propriétés étranges. D'abord il faut bien qu'il soit quelque chose sinon les particules  ne pourraient communiquer entre elles. Qui plus est les « particules élémentaires » n'en ont que la qualification puisqu'elles sont elles-mêmes composées de « quarks » et autres entités dont les  noms exotiques désignent ce qui est totalement impalpable et dont même la localisation devient problématique. Nous voilà confrontés à un monde de « Champs » et de « forces » bien éloigné de la pesanteur  contondante du pavé qui vient agresser les forces de l'ordre chargeant les barricades qui leur font obstacle.

               Mais le vide a des propriétés étranges. Il est plein d'énergies potentielles et semble pouvoir stocker des informations. De là à se demander si nous ne sommes pas reliés les uns aux autres par des réseaux d'énergies et des ondes d'une grande variété véhiculant des informations à tous les niveaux...Après tout nous admettons qu'un tas de matériaux composites enjolivés d'un écran et plein de circuits électroniques puisse nous réjouir de spectacles lointains et nous enchanter de musiques suaves. Nous admettons aussi que l'ordinateur le plus banal, même de bas de gamme, puisse nous brancher avec l'aide de la Wi Fi sur de lointaines banques de données.

               Tout cela est vrai et j'en témoigne ! J'ai même vu des personnes d'apparence très ordinaires invoquer les esprits et se mettre en relation avec Tante Agathe qui pourtant habite dans le Nord -Pas -de -Calais à l'aide d'une sorte de boîte noire aux propriétés de gris- gris ou de fétiche, qu'elles appelaient gentiment « Mon Smartphone » et ce dans le métro au vu de tout le monde. Cérémonie vaudou à domicile ? Mais le service après-vente est assuré.

               Devant ces faits avérés, certains se demandent si l'espèce d'ordinateur biologique qu'abrite notre boîte crânienne serait totalement dépourvu des capacités que nous reconnaissons à des objets usuels produits en grande série et jetables dans nos poubelles si nous n’avons pas la conscience écologique.

               Mais la science progresse et de braves gens dont le bons sens n'est pas douteux en arrivent à se soumettre à des expériences. Rigoureuses, menées en laboratoires, avec expertise, contre-expertise et analyses statistiques. Même des moines zen ou tibétains laissent enregistrer leurs ondes cérébrales en posture de méditation et les résultats ne sont pas neutres.

               Une des hypothèses majeures serait que le vide quantique constitue un immense réservoir de souvenirs et d'informations. Une encyclopédie Wikipédia cosmique à l'échelle de notre galaxie, la Voie Lactée, mais aussi, évidemment de tout ce qui est au-delà et qui n'en est séparé que par du vide tout aussi quantique…

               Je n'insisterai pas, n'étant nullement spécialiste et étant affligé d'une  allergie aux mathématique gravement congénitale qui me force à croire les physiciens sur parole. Ce qui me chiffonne… mais que voulez-vous nul n'est parfait.

 

                                                                                                  A suivre

 

"La conquête de l'air" - détail

"La conquête de l'air" - détail

"La conquête de l'air - détail

"La conquête de l'air - détail

A suivre...

Si ça vous chante

et si vos obligations diverses

vous en laissent le loisir

et lenéfice

final.

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29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 08:31
"vont-ils donc?" - huile sur toile - 61 x 50 cm -2005

"vont-ils donc?" - huile sur toile - 61 x 50 cm -2005

Ciel !

 

           Des lignes prodigieuses s'élancent dans le ciel. Elles se précipitent les unes sur les autres, s'entrecroisent et se chevauchent. Elles forment un réseau d'une géométrie brutale, instantanée et fugace. Surgies de rien elles ne s'attardent guère et laissent la place à d'autres sans cesse renouvelées.

                 Pourtant cette abstraction géante témoigne de la présence humaine et de ses traces. Qu'ils soient douillettement installés dans leur classe confort ou tassés dans un low cost minimal où tout est calculé au plus juste, voilà nos semblables en route vers leur devenir lointain ou pas. Exotique ou routinier. Totalement autre ou d'un banal à pleurer même s'il est situé aux antipodes.

                 Car plus c'est loin, plus c'est semblable et rien ne ressemble plus à un terminal hexagonal qu'un autre terminal australien ou patagon.

                 Pourtant la nature continue ses extravagances. Inlassablement l'eau s'évapore à la surface de l'océan et s'élève en s'exaltant. Elle va alors s'accumuler en formations nuageuses pleines d'imprévu avant de dériver à l'intérieur des terres. Pour lors cela moutonne, se gonfle et vogue avec nonchalance. Dans le genre cumulus c'est assez arrondi et floconneux. Ça n'a pas l'air de trop s'en faire...Ni de vouloir inquiéter les passagers des gros oiseaux métalliques.

                 C'est qu'il y a différence d'altitude et que de mon 3ème étage résidentiel tout semble se côtoyer. Mais de grandes distances séparent les nuages des longs courriers qui s'apprêtent à franchir l'océan pour atteindre le Nouveau Monde. Enfin on peut toujours rêver en contemplant ce spectacle grandiose, toujours gratuit, toujours offert et que bien peu remarquent tant il est passé dans le quotidien, dans le normal, dans le banal, dans la routine des jours et des saisons.

 

                                                Le Chesnay le 3 septembre 2015

                                                Copyright Christian Lepère

"Où vont-ils donc?" - détail

"Où vont-ils donc?" - détail

"Où vont-ils donc ?" - détail

"Où vont-ils donc ?" - détail

 

Je vous parlais du quotidien...

Rassurez-vous

bientôt

je

vous 

emmènerai

voir la dalle de Palenque!

Ambiance exotique garantie. A consommer avec modération

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 08:26
"Des cieux gris bleus" - huile sur toile - 61 x 50 cm - 1987

"Des cieux gris bleus" - huile sur toile - 61 x 50 cm - 1987

Un jour parmi tant d’autres

 

               Ce matin-là il émergea en tombant de son baldaquin. Pestant et maugréant sur l'inclémence climatique qui obscurcissait l'aurore de son lever.

               A tâtons il rechercha ses escarboucles. D'ordinaire à son chevet elles s'étaient éclipsées sans crier gare. Enfin il en trouva une moitié de paire, seulette et orpheline. Comme de coutume il fulmina sur l'inconséquence des personnels de maison pourtant dûment appointés. Tous ! Que des incapables, des parasites, des syndiqués planqués dans leurs conventions sociales au prorata de la pénibilité. Des assistés de la gidouille. Des bons à pendre qu'en un sac on va ligoter. Le tout à jeter en Seine et à vau-l'eau. « Fluctuat nec mergitur » qu'ils disaient… Tiens ! Ça leur apprendra !

               Mais ce n'était pas suffisant et il en rajouta derechef. C'était pour l'exemple ! Pour le renouveau moral ! Pour un ordre social enfin pérenne et contre la dictature du prolétariat ! N'en déplaise à Lénine et ses thuriféraires assermentés.

               Fier de sa diatribe il pût enfin entamer sa journée. A perte de vue elle s'étendait à ses pieds. Vaste espace béant de tous les possibles. Champ d'affirmation de son moi péremptoire. On allait voir ce qu'on allait voir…

               Hélas ! Le sort était traître. Planqué derrière la tenture son avenir lui souriait d'un œil torve. Les dieux étaient hostiles on se demande bien pourquoi. Peut-être s'étaient-ils aussi levés du mauvais pied ?

               Enfin en greluchant des facéties immondes il se lança. Mal lui en prit. S'emmêlant les pinceaux dans les franges du tapis il s'écroula inerte, masse de protoplasme répandue. Douloureux inconfort. Mais Dieu soit loué ! Le mal était bénin. Pas de fracture ouverte ni d'épanchement calamiteux des humeurs internes. Nulle hémoglobine souillant la moquette. Nul besoin du SAMU ou de police secours.

               Il atteignit le métropolitain le plus concomitant. Dévalant vers les profondeurs il atteignit des portillons hostiles. De ces machines à découper le chrétien en tranches ou en rondelles. Suivant réglage.

               Son ticket était valide et il fût sauf. Et même admis parmi les élus, ceux que la rame accueille dans sa chaleur douillette. Là où les effluves d'humanité vous bercent de fragrances sudoripares et d'haleines enrichies à l'oxyde de carbone, si ce n'est de vapeurs d'alcool prohibées en ces lieux publics et conviviaux.

               Alignés en bancroches assoupies les autochtones tenaient d'étranges conciliabules. Ils tapotaient leurs écrans tactiles intuitifs d'un dextre précautionneux, se branchant sur des sites improbables pleins de turpitudes immondes ou d'affaires du siècle à promotion variable terriblement alléchantes.

               Mais il n'avait que faire de ce vain peuple qu'il ignorait superbement. Descendu à Saint Sulpice il fît une halte en la crypte d'icelle et recueillit son âme en des bigoteries niaiseuses mais qui nous font oublier nos arriérés de dettes, nos impayés et nos saisies d'huissier.

               Rasséréné il ressortit. C'est alors qu'il la vit passer. Elle était accorte et fleurette et sentait bon le sable chaud. Sans hâte elle balançait ses rotondités en un roulis précautionneux mais infiniment émouvant. D'un languissant de sourde invite.

              Ce trois fois rien le séduisit. Et prêt à tout jusqu'à l'audace il emboîta sa dérive alanguie. Mais la candeur en tapinois n'était que fourbe hypocrisie. Que jeu d'accroche intéressé. Il avait vu et tout compris… Ah ! On ne l'y reprendrait plus…

               C'est alors que tout désemparé et l'herbe sous le pied coupé il se retrouva tout béant. Ne sachant à quel saint se vouer pour tuer le temps dont il disposait dès lors à profusion, il opta pour son domicile.

               Rentrer chez soi. S'y tenir coi. N'étais-ce pas le plus raisonnable ? Au lieu de se dissoudre en vaine recherche, en quête absolue d’abscons sans fin ? Par chance il attrapa le bus et celui-ci n'était pas bondé. Il pût donc étendre ses membres las et se laisser porter incontinent jusqu'au pied de son domicile.

               Enfin chez lui il exulta. Quelle belle journée il avait passé, pleine de bruit et de rebondissement. Il ne lui restait qu'à noter ses exploits dans ses carnets répertoriés ;

               C'est ce qu'il fit avant de conclure. Oui ! La vie était une fête. Un renouveau de nouveauté. Un délire créatif ininterrompu ! Une manne ! Une jouvence ! Et demain serait un autre jour ! God save the Queen ! Merde à Vauban ! Car honni soit qui mal y pense …

 

                                                               Le Chesnay le 30 novembre 2015

                                                               Copyright Christian Lepère

 

 

"Des cieux gris bleus" - détail

"Des cieux gris bleus" - détail

"Des cieux gris bleus" - détail

"Des cieux gris bleus" - détail

Après

le ras des

paquerettes

nous irons rêver 

dans le ciel plein de splendides aéronefs!

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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 08:06
"Gourmets et gourmands" - huile sur toile - détail - 2006

"Gourmets et gourmands" - huile sur toile - détail - 2006

Manger ou être mangé

Suite et fin

 

 

 

           Donc âme il y a même si la science officielle renâcle encore un peu pour aller explorer honnêtement ces domaines et les soumettre à des investigations systématiques. Enfin tout finit par passer, même l’obscurantisme, fût-il le plus rationnel et le plus indiscuté.

           Enfin l’âme n’attend que d’être explorée. Or, que serait le corps sans elle ? Un cadavre tiède, une masse de protoplasme qui survit par habitude tant qu’il a de quoi s’entretenir. C’est-à-dire un objet encombrant, dénué de chaleur humaine et indifférent à toute marque d’affection. Mis à part le coma profond nous n’en sommes pas là ! Nous sommes un peu plus que cliniquement vivants !

           Mais l’âme est matérielle, même si elle est encore plus impalpable que ces ondes qui nous traversent de part en part sans attirer notre attention et que pourtant nous pouvons utiliser de façon tellement banale et prosaïque avec nos téléphones portables et autres smartphones envahissants. Et elle est tellement concrète que comme tout ce qui existe elle peut évoluer, s’affiner, devenir plus vaste et moins égocentrique. Sans doute peut-elle-même offrir à la conscience qui est le cœur de notre être un bien meilleur poste d’observation  que la pesante opacité de nos cinq sens qui d’ailleurs nous mentent sans vergogne et nous font croire que nous percevons le monde alors qu’il ne s’agit que d’une traduction ô combien subjective ! Un cinéma dont la version originale n’existe pas dans notre tête, remplacée qu’elle est par une traduction approximative à laquelle nous croyons dur comme fer…Mais c’est ainsi et nous arrivons a vivre dans un monde en perspective qui n’est qu’illusion d’optique. Nous sommes même capables de traverser la rue sans nous faire écraser ce qui est réellement miraculeux.

           Mais pour subtile qu’elle soit l’âme a les mêmes besoins que le corps et doit inlassablement se nourrir pour croître et embellir. Alors elle se sustente avec ce qui lui correspond et ce ne sont plus des radis, du steak tartare ou du navarin d’agneau. Mais des impressions, des sentiments, des pensées, le tout stocké dans la mémoire, souvenirs personnels ou collectifs siégeant dans des centrales de données dont Google nous donne une vision bien mesquine

           Comme un poste de télévision mais vivant et conscient l’âme a besoin de capter des ondes impalpables pour nous fabriquer un monde dans lequel nous puissions vivre et qui n’est pas celui du mental ordinaire. Le résultat est ce qu’il est, parfois agréable, parfois désespérant.

           Nous n’allons pas nous appesantir sur cette vallée de larmes qui comporte aussi des éblouissements, des instants de grâce et des aperçus flamboyants sur la transcendance. Laissons les poètes les évoquer, les mystiques les explorer et les théologiens en faire des théories, opinions transformées en dogmes ce qui les rend acceptables en en faisant des nourritures allégées assimilables par tout un chacun. Chacun a son créneau. Chacun a sa fonction. Chacun fait ce qu’il peut avec les moyens dont il dispose.

           L’âme a donc des besoins. Il lui faut se nourrir pour ne pas s’étioler. Alors que lui donner ? Un peu de tout sans doute puisque nous sommes omnivores mais selon la nature de chacun car chaque cas est un cas particulier. Après tout les animaux ne mangent pas tous la même chose et certains font un usage bien personnel de ce qu’ils ingèrent. Ainsi la tradition indienne a  noté que les mêmes céréales donnaient au taureau des muscles puissants et au paon des plumes multicolores.

           Or tout est nourriture. Ne dit-on pas qu’on dévore un livre,  qu’on s’abreuve de musique ou qu’on s’enivre de parfum ? La métaphore n’est pas gratuite et certains textes sont indigestes alors qu’une musique peut nous saouler  et une idéologie nous faire vomir si elle nous pousse à consommer nos semblables.

           J’arrêterai là mes comparaisons car les fêtes vont arriver et je ne voudrais pas vous couper l’appétit en ces temps festifs où l’on réjouit les papilles pour le plus grand bien de l’âme et pour la bonne entente au sein des  familles faisant le cercle autour du sapin.

           Bonnes fêtes à tous !

 

                                                                        Le Chesnay le 2 décembre 2015

                                                                        Copyright Christian Lepère

 

"Gourmets et gourmands" - détail

"Gourmets et gourmands" - détail

"Gourmets et gourmands"

"Gourmets et gourmands"

La fin de l'année approche à grands pas

alors je l'avoue

j'ai craqué.

"Un jour parmi tant d'autres"

vous plongera dans les considérations 

les plus oiseuses sur le quotidien le plus banal

le mien, le vôtre et celui de tous nos semblables humbles ou puissants

performants ou débiles, purs ou félons

mais tellement humains...

Rendez-vous donc

à plus...

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 08:24
"Gourmets et gourmands" -huile sur toile - 130 x 97 cm - 2006

"Gourmets et gourmands" -huile sur toile - 130 x 97 cm - 2006

"Gourmets et gourmands" - détail

"Gourmets et gourmands" - détail

 

Manger ou être mangé

 

            Tout dans notre vaste monde est nourriture pour les créatures biologiques que nous sommes. Et c'est aussi vrai pour nos amies les bêtes. Après tout la matière vivante n'est que de la matière inerte, minérale mais organisée de façon tellement complexe  et subtile qu'il lui devient possible de manifester des qualités étranges. Elle naît, elle meurt, elle souffre et elle engendre. De l'amibe au zèbre, du cob de Buffon à la libellule en passant par les grands singes et les escargots de Bourgogne, sans oublier la concierge de l'immeuble et sa progéniture, tout mange et tout est mangé. C'est la loi et elle est dure mais c'est la loi.

           Peut-être m'objecterez-vous que certains se contentent d'herbes et de fleurs. Ainsi les ruminants égayant nos prairies bourguignonnes seraient de délicats poètes broutant paisiblement les graminées. Ce serait oublier tout ce qui peuple l'herbe tendre et la rend plus juteuse. Innocents insectes vaquant à leurs affaires, gentils gastéropodes et délicieuses limaces glissant de feuille en feuille et même des créatures microscopiques comparables au plancton dont se goinfre la baleine bleue.

           Donc tout se nourrit de tout et le prédateur va devenir proie à son tour dans une ronde inlassable. Certes le lion, roi des animaux, règne avec majesté et défend chèrement sa vie quand le chasseur l'agresse. Mais cela ne l'empêche pas d'être la proie des parasites qui se nourrissent de sa substance en évitant ses coups de queue et ses battements d'oreille sans se laisser impressionner par ses nobles rugissements. Le roi règne mais le petit peuple invisible le dévore tout vif. Voilà qui est digne d'une fable d'Esope.

          En fait, pourrions-nous vivre sans nous emparer des autres pour en faire notre substance ? En aucune façon ! Puisque tout nous vient de l’extérieur, que rien ne nous appartient durablement et que tout nous est prêté pour un temps plus ou moins long. C’est vrai pour les atomes de carbone, d’oxygène, de fer  ou d’azote…Mais c’est aussi vrai pour des substances organiques plus complexes qui nous sont indispensables. Sans protéines nous mourons même si les seules protéines végétales sont amplement suffisantes et ont permis à de larges populations de vivre sans problèmes majeurs depuis les époques les plus reculées. Et même cela ne les a pas empêché de se faire la guerre, tribale comme il se doit. On peut occire son semblable pour d’autres raisons qu’anthropophagiques même si cette dernière solution a souvent été utilisée en des temps où les problèmes moraux paraissaient bien superflus  au cœur de la forêt primaire.

           Mais ce n’est pas tout car si nous avons impérativement besoin des autres formes de vie organique pour entretenir notre personne charnue, nous en avons tout autant besoin à des niveaux plus subtils. Car après tout de quoi sommes-nous composés ? D’un corps biologique fort utile pour vaquer à nos obligations. Mais que serait ce dernier sans ce qui l’anime et qu’on a très judicieusement appelé l’âme dans maintes traditions. A moins qu’on ne la désigne dans d’autres cultures et de façon un peu plus précises comme étant un corps subtil. Subtil, soit, mais plus ou moins selon les cas car il est des âmes un peu balourdes pas très émancipées de la pesanteur biologique.

 

                                                                                        à suivre...

"Gourmets et gourmands" - détail

"Gourmets et gourmands" - détail

Çà vous a mis en appétit ?

Très bien !

La suite

ne saurait

se faire attendre !

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1 décembre 2015 2 01 /12 /décembre /2015 08:01
"Ainsi va la vie" - détail - huile sur toile - 54 x 65 cm - 1993

"Ainsi va la vie" - détail - huile sur toile - 54 x 65 cm - 1993

Drame au quotidien

 

        Par ce beau jour de mai Bébert vient de buter Julot. Normal ! Il lui avait gravement manqué…

           L'affaire avait pourtant démarré sous de bons auspices. C'étaient de bons copains, vieux chaînons de la même filière. Déjà tout petits ils avaient traîné leurs baskets dans les mêmes caniveaux des mêmes impasses du vieux Belleville. Ils avaient joué aux billes ensemble et s'étaient gavés de « Mistral gagnant » avec l'argent issu de la vente de scoubidous multicolores volés à l'étalage de la mère Michu qui tenait son petit commerce avec dignité mais sous surveillance approximative.

           Puis ils s'étaient perdus de vue avant de se retrouver adolescents. Avec de nouvelles ambitions et des mœurs plus délurées. Ils avaient niqué les mêmes copines, en tout bien tout honneur. Il faut bien assumer ses pulsions et ça n'enlève rien à la chaleur des relations entre potes émancipés. Ça crée même une connivence.

           Enfin, le temps ayant passé ils s'étaient retrouvés copains de régiment appartenant à la même classe. Ils partageaient à cette époque la même chambrée où ils subissaient les humiliations de leur adjudant-chef, un étranger qu'ils classaient d'office dans la catégorie des pisse-vinaigre pour la raison qu'il s'appelait Gaétan, ce qui n'est pas trop grave mais se complique quand il s'agit d'un Gaétan de l'Angélus de Pointe-à -Pitre. Car à leurs yeux c'était impardonnable.

           Ensuite, bon an mal an leur vie s'était déroulée sans anicroche. Mariés et pères de famille ils s'étaient assagis, payaient leur impôts sans trop rechigner et respectaient le code de la route sans rigueur excessive car on sait bien où peut mener un respect trop strict des lois. Bébert devint même délégué syndical bien qu'il s'abstint d'envoyer Popaul son aîné au catéchisme comme Marie-Christine sa maman l'aurait souhaité. Il est vrai qu'étant de sexe féminin elle avait des excuses.

           Tout cela pour dire qu'il était normal et sans histoire. Mais le ver était dans le fruit et le temps passait discrètement sans attirer l'attention. Or, voilà que tout à coup, sans crier gare Popaul de délicieux bambin qu'il avait toujours été s'était transformé en un charmant jeune homme comme son père l'avait été dans des circonstances semblables. Ce faisant il se mit à plaire aux filles et, c'est bien excusable, à se laisser entraîner à des actes délictueux pour les épater. En fait il se mit à rouler les mécaniques.

           Caché sous des porches obscurs il fumait des joints, avant de passer à des stimulants plus efficaces. L'engrenage implacable était lancé. De petits délits en turpitudes plus conséquentes il glissa sur la pente de la déchéance. De plus en plus vite. De plus en plus loin. Et c'est là que le drame se noua. Bébert conscient de cette infamie avait tenté de sermonner son fils. Il lui avait fait honte mais au lieu de s'écraser mollement celui-ci s'était rebiffé. Il avait même été jusqu'à traiter son progéniteur de facho et de petit bourgeois rétrograde. Lui au moins était libre et osait dire leur fait aux amortis de la génération précédente.

           Envisageait-il de partir pour le Jihad? On s'interroge... Mais il est de fait qu'il en menaça son pauvre père. Celui-ci accablé se réfugia chez son pote Julot. Là, devant un match de foot à la télé ils s'enfilèrent des petites bières en se bourrant de pop corn et de merguez jusqu'à une heure avancée. Puis, titubants de fatigue ils s'apprêtèrent à se séparer quand Julot pris d'une vertueuse indignation commença à suggérer à Bébert qu'il était peut-être responsable de la déchéance filiale. Que son laxisme aveugle avait fait de lui un enfant gâté, un irresponsable dangereux, une graine de terroriste, une épave de banlieue.

           C'en était trop ! Atteint au plus profond de sa dignité de géniteur Bébert avait saisi le tisonnier et en avait asséné des coups furieux à son copain jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ou tout au moins que l'intervention de police secours ne soit plus d'aucune utilité pour le malheureux.

           On emporta les restes afin de les autopsier et de déterminer les causes exactes du décès. Gravité des contusions portées avec un lourd objet contondant ? Accident cardiaque dû à la surprise et à l'effroi ou effondrement moral consécutif à une perte d'estime de soi ? Tout cela sans doute, accumulé, ce qui est trop pour un seul homme.

           Mais tant de turpitudes méritent une minute de silence  et je vais donc conclure.

 

           Cette histoire est bien triste et je me demande si on pourra la raconter aux enfants à la veillée. J'ai bien peur d'avoir à me rabattre sur les aventures autrement plus édifiantes de Blanche Neige et des sept nains. Avec les grands classiques on sait au moins où on met les pieds et l'on ne risque pas de se vautrer dans la fange où fleurissent tous les excès, où s'épanouissent tous les vices.

 

                                                         Le Chesnay le 20 novembre 2015

                                                         Copyright Christian Lepère

"Ainsi va la vie" - détail

"Ainsi va la vie" - détail

"Ainsi va la vie" - détail

"Ainsi va la vie" - détail

OUI

c'est affreux

mais il faut voir

la réalité en face!

Rien ne vous sera épargné

avec

"Manger ou être mangé"

Portez-vous bien en attendant

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24 novembre 2015 2 24 /11 /novembre /2015 08:27
"Le brasier" - huile sur toile - 100 x 81 cm - 1988

"Le brasier" - huile sur toile - 100 x 81 cm - 1988

 

Le réveil de l'ombre

 

          Donc Daesh a encore frappé. C'est l'horreur et la stupéfaction. L'impression d'être plongé dans un cauchemar qui fait suite à celui de Charlie Hebdo.

          Avec l'aide de la télé j'essaie de m'informer. Et petit à petit les événements se précisent, les enchaînements sont mis à jour et une certaine cohérence apparaît.

          Mais attention aux émotions et aux réactions à chaud. Attention aussi aux amalgames réducteurs. On se calme ! Et l'on réfléchit… La première réaction, viscérale, est de crier aux fous furieux. Bien sûr. Seulement voilà, les témoignages s'accumulent. Des malheureux comme vous et moi étaient au mauvais endroit au mauvais moment. Ils ont côtoyé les terroristes de très près jusqu'à leur servir d'otages. Et comme l'an dernier ils sont formels. Les meurtriers sont jeunes, calmes, organisés, prêts à se sacrifier et apparemment en excellente santé, on peut même dire en pleine forme.  Mais ce sont des fanatiques, des jusqu'au boutistes, des fous ! Des fous ? Sans doute mais le propre de ce genre de folie est d'être malgré tout logique et cohérent, à partir de données de base franchement délirantes. Et tout en découle…

          L'affaire n'est pas nouvelle et l'humanité a toujours adoré jouer à ces jeux pervers où, au nom d'un idéal, on en arrive aux pires aberrations. J'exagère ? Pensez au Grand Inquisiteur, celui qui envoie les hérétiques au bûcher pour le salut de leur âme. pensez également à Hitler avec sa solution finale antisémite. Et aussi à Lénine n'hésitant pas à provoquer une famine pour des raisons stratégiques très personnelles. Et à tant d'autres au cours de cette histoire pleine de bruit et de fureur si bien décrite par Shakespeare. Que ne feraient pas des idéalistes pour faire progresser l'humanité, éradiquer le Mal et faire triompher la Bonne Cause , la leur évidemment… ?

          Rien ne peut excuser des actes de barbarie tels que ceux qui sont advenus à Paris à des terrasses de café ou au Bataclan. Mais on peut tout au moins chercher à comprendre les enchaînements implacables qui y ont conduit.

          En réalité le pire dans tout cela est que les plus radicaux des terroristes ne sont pas foncièrement différents de nous. Ils ont même été formés par notre société et nos bons soins. Leur seule différence est de révéler notre part d'ombre, notre face cachée, celle que nous refoulons à juste titre pour pouvoir pratiquer le « vivre ensemble ». Mais nul n'en est complètement libre. C'est simplement caché dans nos oubliettes où même les psychanalystes les plus performants ont bien du mal à la débusquer. Car c'est en plus interminable, coûteux et aléatoire.

          Alors parfois les circonstances permettent que l'horreur ressurgisse sans crier gare. Mais sommes-nous totalement innocents de ces circonstances ? On sait bien maintenant que d'inutiles vexations infligées à l'Allemagne à l'armistice de 1918 ont nourri un puissant désir de revanche qui nous a conduits tout droit à la seconde guerre mondiale. Ce n'était pas suffisant en soi mais avec l'aide du chômage, de la récession et de la grande crise de l'économie, il ne restait plus qu'à attendre l'arrivée de l'homme providentiel, ce cher Adolf sauveur de la patrie.

          On peut trouver de nombreux autres exemples parmi les justes guerres terminées de façon triomphales. Toujours momentanément et en attendant la suite qui se fait un devoir de rétablir l'équilibre.

          La seule chose certaine est que la violence engendre la violence et que l'anéantissement apparent d'un ennemi n'a jamais fait disparaître ce qui l'animait. Les principaux chefs nazis ont été pendus après le procès de Nuremberg. Cela n'a pas empêché leur idéal de continuer à ressurgir même s'il portait d'autres noms et se cachait derrière de toutes autres justifications un peu partout à la surface de la planète.

          Serais-je pessimiste ? Pas tant que ça car l'inverse de ces cercles vicieux est toujours possible. D'ailleurs l'horreur actuelle amène bien des gens à réfléchir en profondeur. Et déjà on peut noter que la douleur extrême n'engendre pas automatiquement la haine. J'ai d'ailleurs été intéressé par les réactions des proches de certaines victimes qui, matériellement accablés, n'en conservent pas moins un calme et une dignité  qui ne sont pas que de surface.

          Non ! Le pire n'est jamais  certain et même si les manifestations de masse pour Charlie Hebdo n'ont été que des flambées réactionnelles, des vagues d'émotion bien pensante, elles annoncent quand même une évolution profonde dans les mentalités. L'ennui est que nous ayons besoin de l'excès du mal pour commencer à envisager son contraire qui lui n'est en rien excessif.

 

                                                            Le Chesnay le 17/11/2015

                                                            Copyright Christian Lepère

"Le brasier" - détail

"Le brasier" - détail

"Le brasier" - détail

"Le brasier" - détail

Après cette triste réalité

nous reviendrons 

au délire

idiot

celui qui

tisse nos vies

splendides et insignifiantes

Rendez-vous ici avec "Drame au quotidien"

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17 novembre 2015 2 17 /11 /novembre /2015 08:45
Roger Erasmy sous des cieux tourmentés

Roger Erasmy sous des cieux tourmentés

 

Roger Erasmy

In mémoriam

 

            Roger nous a quittés. Erasmy n'est plus. Pourtant il lui restait bien des projets à réaliser, bien des livres à écrire, tant de semblables à fréquenter et tant de projets à rêver. Seulement voilà, le destin ne l'entendait pas de cette oreille. Tapi au plus profond de notre intimité il n'a que faire de nos souhaits et de ce qui nous motive au quotidien. Ses vues sont à plus long terme et l'immédiat ne saurait le satisfaire. Mais c'est ainsi et il n'a que faire des détails qui nous importent tant.

           Donc Roger n'est plus. Tout au moins sous l'apparence habituelle. Sa silhouette familière, sa bonhomie et sa présence souriante ne seront plus que dans nos souvenirs. Sa vivacité et ses oppositions farouches non plus. Bien sûr quelques documents enregistrés, des photos numérisées qui ne pâlissent plus comme naguère, des vidéos qui ont enregistré ses faits et gestes seront encore là pour nous le rappeler. Même sa voix pourra encore chercher à nous convaincre et nous pousser à poursuivre dans la voie qu'il s'était fixée et qui est chère aux Héritiers de Dali. Car son absence va laisser des traces.

            Infatigable rassembleur il a su regrouper autour de lui toute une mouvance qui convenait à sa nature sensible, familière de l'intériorité et des images qui hantent les tréfonds de l'âme.

            Ce n'est pas un hasard s’il a consacré une partie de sa vie à Salvador Dali. Il est clair que sous les dehors farfelus et parfois discutables de ce clown médiatique, par ailleurs merveilleusement doué pour peindre, il sentait un intérêt authentique pour tout ce qui transcende les apparences. Le surréalisme l'attirait en tant que voie privilégiée vers les fin fonds du tréfonds de notre humanité, les strates cachées du psychisme, tout ce qui échappe à la froideur de la raison et constitue notre moteur véritable.

            Ainsi avec une infatigable énergie Roger a su donner corps à ses rêves. Il a concrétisé ce qui n'aurait été que fugace volition, rêverie éthérée ou protestation de principe. Bref il a incarné ce qui serait resté dans le domaine des vœux pieux. Bien sûr il s'est heurté à la pesante idéologie de l'Art Contemporain Officiel. Mais peut-on lui en vouloir de n'avoir pas pu faire bouger le mastodonte pesamment installé au cœur de l'alliance de la finance et du pouvoir politique ? Pourtant il s'y est essayé avec vigueur !

            Mais la bête qui semble jouir d'une santé insultante est en train de s’essouffler. Il y a eu tant d'autres idéologies autrement plus puissantes qui ont fini par s'écrouler comme le mur de Berlin…

            Alors patientons encore un peu. Mais en attendant n'oublions pas celui qui a eu le courage et l'énergie de tenter une belle aventure qui ne saurait tourner court car elle fait partie de celle infiniment vaste de notre humanité s'acheminant malgré bien des péripéties vers son âge adulte.

 

                                                              Le Chesnay le 13 novembre 2015

                                                              Copyright Christian Lepère

 

Dali tel qu'en lui-même

Dali tel qu'en lui-même

Sous la rose de Dali

Sous la rose de Dali

Quelques documents qui ont aimablement servi à l'élaboration des images sur Photoshop

Quelques documents qui ont aimablement servi à l'élaboration des images sur Photoshop

Le wagon de Dali

Le wagon de Dali

En ces temps tourmentés Paris vient d'être la cible de la terreur fanatique.

Le choc est énorme.

La prise de conscience sera-t-elle à la hauteur?

En sortiront-nous un peu moins infantile? 

Mais le pire n'est jamais certain.

Affaire à suivre...

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10 novembre 2015 2 10 /11 /novembre /2015 07:54
"Soir d'automne" - huile sur toile - 46 x 38 cm - 1987

"Soir d'automne" - huile sur toile - 46 x 38 cm - 1987

Automne bourguignon

 

              C'est un temps radieux et un bel automne. Les petites routes serpentent entre champs et hameaux, taillis et fourrés. Mais voici que se profile le château de Bazoches, fief et demeure du Haut et Puissant Seigneur de Vauban. Sa silhouette de conte de fées dresse ses tours rondes coiffées de toits pointus. L'apparition est fugitive entre deux rangées d'arbres aux couleurs embrasées.

              L'envie m'est venue de profiter de ce week-end de Toussaint pour rendre visite à des cimetières anciens perchés en haut des collines. Rondes et isolées celles-ci veillent sur la contrée et meublent mes souvenirs.  Voici d'abord le mont Sabot dont l'église se dresse massive au milieu du cimetière. Les tombes sont vétustes pour la plupart et les dates gravées dans la pierre, rongées de mousses et de lichens témoignent d’un passé qui s’effiloche au gré des saisons. Le temps peut les dissoudre sans se presser car il a tout son temps.

              Dans l’ensemble c’est assez désert, pourtant quelques autochtones y cheminent le long des allées gravillonnées entre les concessions. Tout encombrés de pots de chrysanthèmes ils me saluent discrètement puis réalisant qu’ils ne me connaissent pas ils passent leur chemin pour aller se recueillir au chevet de leurs chers disparus. Simple touriste je déambule non sans prêter attention aux noms gravés sur les pierres tombales.   La plupart fleurent bon le terroir bourguignon mais il s’y mêle aussi des patronymes venus d’ailleurs. Et parfois de fort loin, d’Europe centrale ou de contrées plus ensoleillées. Echoués là au fil des aléas et des soubresauts de l’histoire ils mêlent donc des noms aux consonances improbables, inconnues du tout-venant, grecques ou croates, catalanes ou africaines.

              Je poursuis mon chemin pour atteindre Chalvron. Après un labyrinthe de petites routes d’intérêt local plus hantées d’engins agricoles que de sportives décapotables j’arrive dans ce village ancien où je me perds. Qu’importe, de braves gens à casquette, bottés de caoutchouc s’empressent pour me renseigner et m’indiquent comment atteindre l’église qui domine le vaste panorama. Là- haut elle veille telle une bergère bienveillante sur l’assemblée des tombes qui lui font comme une couronne. La vue sur les environs est fort belle. C’est un lieu qui vous pacifie l’âme et vous fait pardonner la vaine agitation du monde. Et puis on y bénéficie du bon air de la campagne qui peut vous aider à devenir centenaire si le Bon Dieu n’y voit pas malice. Enfin il y a de quoi patienter jusqu’au Jugement Dernier qui verra enfin séparer les bons des méchants. Et pour l’éternité, excusez du peu !

              Enfin d’autres petites routes, d’intérêt tout aussi local vont me conduire à Metz le Comte. C’est un autre village couronné par son clocher et reposant sous la garde vigilante de ses défunts.

              Mais si les jours sont beaux, ils n’en sont pas moins courts. Il me faut maintenant rentrer chez moi avant que la nuit tombe. C’est qu’il me reste à retraverser des villages déserts, des forêts profondes et des contrées silencieuses. Ainsi en cas de panne sèche il serait vain de partir à la recherche d’une station- service plus qu’hypothétique dans ces lieux oubliés. Je ne me vois guère arpentant le bas-côté chargé d’un jerrycan de secours dont d’ailleurs je suis cruellement démuni.

              Que voulez-vous on ne peut tout avoir, le charme bucolique, l’automne resplendissant et le retour aux sources, tout en voulant profiter de la sécurité matérielle du monde contemporain qui n’est jamais bien éloigné. Il y a à Avallon un magasin Casino plein de nourritures et de gadgets et l’on y trouve même des pompes à essence largement approvisionnées en sans plomb 95 venu sans doute des émirats. Et l’on peut se servir soi-même en introduisant sa carte de crédit et son code, à condition de ne pas l’avoir oublié… Ce qui compliquerait bien inutilement. Mais je vous fais confiance, cela n’arrive qu’aux insouciants qui négligent l’essentiel.

 

                                                                 Le Chesnay le 6 novembre 2015

                                                                 Copyright Christian Lepère

"Soir d'automne - détail

"Soir d'automne - détail

"Soir d'automne" - détail

"Soir d'automne" - détail

Tout passe...

et les feuilles mortes se ramassent à la pelle...

Il sera temps 

de parler d'autre chose

si vous n'y voyez pas d'inconvénients

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