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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 06:15

 

12-Virage-dangereux--------.jpg

                                                                             "Virage dangereux" - dessin et acylique - 30 x 42 cm

 

 

Le petit voyant rouge

 

              C’était il y a sept ans, en 2005 précisément. Au volant de ma Kangoo d’un bleu profond et presque neuve je traversais les bois de Fausse Repose. Tout allait bien quand tout à coup une petite lumière rouge attire mon attention. Là, au milieu du tableau de bord un voyant s’est allumé. De quel dysfonctionnement veut-il m’avertir ? Dessus un symbole bizarre est visible. Une sorte de petit tortillon. Le garage Renault n’est pas loin. Je m’y dirige résolument pour en savoir plus. Pas très amène le chef d’atelier qui m’accueille m’apprend que ça correspond à la bobine…mais que c’est sans doute autre chose…Sûrement une facétie électronique. Vous savez ce genre de cafouillage provenant d’une mémoire parasite qui s’est formée accidentellement et a été dûment enregistrée. De celles qui peuvent saper le moral de quiconque voudrait croire à l’infaillibilité de la technique. Mais au moins ça peut s’arranger.

              Avec son ordinateur portable le spécialiste fait disparaître l’ennui. Parfait ! Enfin presque. Car très vite le petit voyant va récidiver. Et rebelote. J’y retourne  mais je sens bien qu’il y a une gêne et que sur place, débordé de travail, on ne sait trop quoi faire de plus pour le moment.

              Par chance nous nous apprêtions à partir prendre nos quartiers d’été à la campagne. En bourgogne on va peut-être s’occuper de nous de façon plus suivie. En effet on m’accueille gentiment et en plus il y a dans l’équipe des mécanos un spécialiste qui a acquis de l’expérience sur le tas. Il teste, il observe, il déduit et finit par m’apprendre que c’est un peu complexe mais que c’est très probablement le capteur de la pédale d’accélérateur qui transmet des indications erronées, à moins que ce ne soit le site récepteur qui ne sait plus gérer. Donc il va falloir changer le capteur en question. Car, ne soyons pas naïfs, ne nous imaginons pas que la pression d’un pied sur l’accélérateur entraîne un effet direct. On n’en est plus là ! L’action sur l’accélération résulte d’un savant calcul dont les paramètres vous échapperaient sans doute autant qu’à moi et qui comme tout calcul comporte une part d’approximation qui peut avoir des conséquences fâcheuses.

              Dans les délais prévus la réparation a lieu. Elle coûte cher et prend du temps mais après les essais en rase campagne le problème semble résolu. C’est vrai. Car tout va aller bien pendant un an. Et puis un beau jour mais sous une météo plus que maussade, et alors que je suis en Ardèche, voila le petit voyant qui s’allume ! Je m’arrête. Je redémarre. Cinq cent mètres plus loin il se rallume…et ainsi de suite. Je ne suis pas chez moi, mon état physique est déplorable et les reins à moitié bloqués je me traîne lamentablement. Et il va falloir remonter en Bourgogne. La cerise sur le gâteau c’est que quand çà s’allume (sans raison ?) un système de sécurité bloque l’accélération. On ne peut plus dépasser les 60 km à l’heure. Et sur autoroute ça fait désordre car il faut s’arrêter pour redémarrer le moteur. Jusqu’à la prochaine réapparition du signal.

              Me voici à nouveau au garage Renault d’Avallon. C’est convivial, j’y suis connu. Après examen et concertation il est décidé de remplacer le faisceau de câbles qui relie le capteur à la boîte papillon. Ce nom très poétique se réfère à la forme de l’objet par ailleurs aussi tristement électronique que le potentiomètre d’accélérateur. On m’apprend aussi que dans ce câble les informations sont échangées dans les deux sens ce qui peut expliquer parfois des interactions inopportunes. « Avec ça vous devriez être tranquille » m’assure-t-on. Mais je suis devenu méfiant et après une année de tranquillité le petit voyant va se remettre à manifester sans qu’on le sollicite. A nouveau on va pouvoir me contrôler le câblage et ce sera reparti pour un grand tour.

              Enfin en 2010 ça recommence avec insistance. Pour le spécialiste plein de compassion pour son infortuné client tout n’est pas perdu : il reste encore à changer la boîte papillon elle-même. Ce qui est fait sans hésitation malgré le prix. « Maintenant tout est à neuf ! Ca devrait aller. » m’assure l’intervenant en me souhaitant bonne route. Mais je sens bien que notre relation amicale a des chances de se poursuivre.

              Donc un an plus tard, à nouveau le petit voyant me fait de l’œil. Peut-être qu’il s’ennuie ? A nouveau vérification gratuite et là on m’apprend  qu’en cas de récidive il n’y aurait plus qu’une solution ultime, changer la centrale elle-même. Son prix est exorbitant et l’on m’avoue honnêtement que la disparition totale des symptômes ne serait pas totalement assurée…

              On me conseille donc d’attendre. L’attente sera comme à l’accoutumée d’un an avant qu’au mois de Juin, comme d’habitude le petit voyant recommence ses facéties. Au début discrètement puis avec une insistance de plus en plus pressante.

              Me voici à nouveau à Avallon. Après deux heures d’attente on m’explique qu’on peut encore vérifier les connexions du câblage qui sont soudées d’origine. Mais qu’on peut quand même les dessouder avant de les relier à nouveau. Gros travail mais l’intervention est gratuite.

              En ce jour pluvieux du 9 juin 2012 je prends congé du personnel du garage en leur souhaitant une bonne année mais en pensant que ce n’est peut-être qu’un au revoir.

              L’avenir est incertain, tous les spécialistes vous le diront, qu’ils se fient à la rigueur des prévisions scientifiques ou qu’ils fassent confiance à leur intuition profonde ou à leurs dons de voyance. D’ailleurs il me souvient d’avoir entendu un futurologue déclarer sur France Culture « qu’il est difficile de faire des prévisions, surtout en ce qui concerne l’avenir… ».

              Accablé par l’évidence je vais me résoudre à vous quitter pour aujourd’hui en vous souhaitant un excellent séjour sur cette planète pleine de merveilles électroniques dont les multiples progrès ne peuvent que nous aider à mener une existence paisible.

                                                              La Brosse Conge le 12 juin 2012

                                                                      Copyright Christian Lepère

 

 

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                                                   "Panne malencontreuse" - acrylique sur panneau - 40 x 61 cm

 

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