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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 07:08
"Histoire naturelle" - huile sur toile - 73 x 60 cm - 2004

"Histoire naturelle" - huile sur toile - 73 x 60 cm - 2004

Noyers-sur- Serein

(Prononcer Noillères…)

 

 

             Blotti dans un méandre du Serein, Noyers est un charmant village bourguignon. Situé non-loin du hameau où je retrouve mes sources à la belle saison, il a souvent été le but de nos escapades. C'est qu'il y a matière à se satisfaire.

            D'abord l'architecture ancienne y est soigneusement préservée et le long des vieilles rues pavées d'antiques maisons à colombage amoureusement restaurées vous réjouissent l’œil en apaisant l'esprit. Ici le passé perdure  et il est choisi.  Et par surcroît il est vivant, habité par tout un chacun, autochtone ou venu des confins du monde connu.

            Des arcades permettent de longer la rue principale sans crainte des excès climatiques. Du chaud accablant au froid qui s'infiltre, les vieilles voûtes vous protègent. Bien sûr la bienveillance des propriétaires riverains qui ont fait construire n'est pas seule en cause. C'était dans l'ancien temps le seul moyen d'accroître  son domaine en empiétant sur l'espace public sans entraver la circulation des concitoyens. C'était judicieusement calculé et chacun y trouvait son compte.

            De longue date cette petite agglomération est devenue un lieu privilégié. Fréquentée par des artistes et de doctes esprits, habitée par des artisans et les gens du quotidien elle est un havre de culture préservée. Et parmi d'autres initiatives un musée de l'art naïf s'y est installé.

            Jadis le village était cerné par les vignes puis elles ont disparues et maintenant il faut aller jusqu'à Irancy ou même jusqu'à Chablis pour goûter les produits du vignoble bourguignon.

            Si le Serein est fort paisible et ressemble souvent plus à des douves qu'à un torrent bondissant, il n'en reste pas moins sujet à des débordements et dans ce terrain assez plat il lui arrive de se livrer à quelques fantaisies. Mais ce n'est jamais bien méchant.

            Ce n'est pas comme certains des personnages hauts en couleur qui ont hanté ces lieux. Depuis le Moyen Age Noyers n'a pas échappé au sort de toute bourgade attirante pour les prédateurs. Et pendant longtemps seigneurs et chefs de bandes se sont tendu des pièges quand ils ne s’entre-tuaient pas de façon plus frontale pour s'emparer de proies aussi alléchantes. Le tout se faisant sur fond de guerres de religion rappelant à s'y méprendre certains épisodes actuels menés au nom de l'amour du prochain et de la vraie foi. A cette réserve près que le prochain cesse d'en être un si il s'obstine dans son erreur se rangeant parmi les infidèles dont on peut se demander si ils ont une âme…

            C'est ainsi qu'un beau jour Henry quatre lui-même a décidé de faire raser le château qui était fort comme il se doit, avec ses remparts et ses tours. La raison en était évidente. Un certain Duprat, seigneur de Vitteaux et tyranneau local avait pris la fâcheuse habitude de s'emparer de gens du lieu afin de les séquestrer pour pouvoir ensuite les torturer tout à son aise. A son corps défendant il était justifié par le désir bien légitime de se distraire à une époque où la télévision ne venait pas égayer de mornes soirées. L'habitude étant prise le seul moyen de le convaincre était de détruire tous ses biens, si ce n'est sa personne.

            Donc le bon roi Henry a décidé de supprimer ce repaire de gens de peu. Et l'affaire a été rondement menée. Cela a d'ailleurs ensuite permis aux braves villageois  de récupérer de la pierre pour leurs propres besoins. Car comme disait le Duc d'Elbeuf (selon Brel…) « C't avec du vieux qu'on fait du neuf ! ». Mais à l'époque c'était tout naturel et bien des châteaux sont devenus matériaux à demeures bourgeoises ou éléments de restauration de lieux de culte, tandis que ceux-ci menaçant ruine servaient de carrière pour des usages plus profanes.

            Mais la roue tourne, les mentalités évoluent et voilà qu'en notre beau 21° siècle plein de prouesses technologiques sidérantes, des gens pleins de bonne volonté et en mal de racines authentiques ont senti le besoin viscéral de faire renaître le passé.

            On s'est donc mis à reconstruire le château. L'affaire est en cours et nombre de jeunes un peu déçus par le miroir aux alouettes de notre déclinante société de consommation, dont la santé vacillante ne leur inspire plus ce bel enthousiasme post-soixante huitard qui a soutenu leurs aînés, se remettent à l'ouvrage.

            J'en profite pour dire deux mots du château de Guédelon en Puisaye. Dans ce cas ce n'est pas d'une restauration, aussi radicale qu'elle puisse être, qu'il est question. Non ! C'est la conception et l'édification d'un bâtiment neuf avec les concepts et les techniques du Moyen-Age. Serait-ce la preuve par l'improbable que rien n'est jamais perdu définitivement ?

            Mais si j'ai abordé ce sujet, c'est après avoir vue une émission télévisée consacrée à Noyers et que seuls les hasards d'un zapping aléatoire m'ont permis d'admirer…

            Ainsi tout est possible et les distractions les plus vaines où l'on se livre à l'influence des médias peuvent entre deux séries de spots publicitaires vous ouvrir une fenêtre sur de plus consistantes nourritures. Cela ne fera que prouver une fois de plus combien tout est relatif comme disait le Bouddha en son temps.

 

                                                             Le Chesnay le 4 octobre 2014

                                                             Copyright Christian Lepère

 

 

Information

 

En tant qu’Invité d’Honneur

j’ai le plaisir de vous convier au vernissage

du Salon d’Automne d’Ozoir-la-Ferrière.

 

207 - Noyers-sur-Serein
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