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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 11:31

 

Michel-Barthelemy.jpg

                                                                               Michel Barthélémy - montage numérique de Christian Lepère

 

 

 

                    Après avoir enseigné les Arts Plastiques mon ami Michel Barthélémy a continué son œuvre de peintre. Il a par ailleurs créé une biennale à Arlon en Belgique. La cinquième édition qui a lieu en ce moment est consacrée comme les précédentes à faire connaître les arts de l’imaginaire. Cette exposition de très haut niveau regroupe des créateurs authentiques maîtrisant une technique mise au service d’une créativité délirante.

                     Je lui laisse donc la parole à propos de :

 

FAERIE 2011

 

             «  Marcel Duchamp s’est trompé. En 1913, alors qu’il vissait une roue de vélo sur un tabouret en bois, lui conférant statut d’œuvre d’art, il décrétait que la peinture de chevalet, les Beaux-Arts, l’idée de beauté, le savoir-faire, le métier de l’artiste, l’émotion plastique… tout cela appartenait à une époque désormais révolue et n’était plus apte à refléter la réalité des temps présents et à venir. Voici bientôt une centaine d’années que partout dans le monde, des centaines de milliers d’artistes et d’amateurs de beaux arts prouvent que l’art hérité du passé, celui qui le prolonge et l’actualise, non seulement n’a pas cessé d’engendrer quantité d’œuvres et de chefs-d’œuvre, mais qu’il continue à témoigner de notre époque et à se passionner pour tout ce qui a trait au monde et à la nature humaine.

 

            Parmi ce buissonnement de courants artistiques contemporains, les arts de l’imaginaire tiennent dignement leur rang. Depuis le Moyen-Âge et même bien au-delà, l’art fantastique n’a jamais cessé de produire des œuvres qui puisent leur inspiration à deux sources à la fois distinctes et complémentaires :

- celle de l’inquiétude de l’homme face aux grandes questions métaphysiques à propos des mystères de la vie, de la mort et de notre place dans l’univers

- et celle de son émerveillement devant les miracles de la création et les manifestations de ses créatures.

 

            Quelques noms, parmi tant d’autres, pour baliser ce chemin qui part des cathédrales pour aboutir aux artistes contemporains de l’imaginaire : Bosch, Breughel, Piranèse, Gaspar David Friedrich, Goya, William Blake,  Redon, Chirico, Salvador Dali, Ensor, Max Ernst, Delvaux, Magritte, Léonor Fini… Et plus près de nous, Hausner, Verlinde, Di Maccio… Et puis, ces centaines ou milliers d’artistes qui se manifestent aujourd’hui dans les expositions, biennales et autres prestigieux salons consacrés aux arts de l’imaginaire. Parmi ceux-ci, Faerie propose une sélection représentative que les visiteurs découvrent généralement avec étonnement et ravissement, mais aussi parfois avec perplexité quand ce n’est scepticisme.

 

             S’en étonner serait ignorer les fondements mêmes de l’art fantastique, négliger qu’il est une voie d’accès au « réel derrière les apparences », à la perception de l’insolite dans le familier, comme le sont ces événements inattendus qui font irruption dans notre vie et déroutent nos attentes. Par là même, l’art fantastique n’est ni conventionnel ni sécurisant.

Notre manière effrénée de fonctionner dans un monde agité et bruyant a étouffé le murmure de nos intuitions, cette clé magique qui entrouvre les portes de la perception, qui nous laisse percevoir quelques-uns de ces « lointains échos qui de loin se répondent »; nous ne voyons plus que la peau des choses, lui attribuant candidement statut de réalité ultime, ignorant la complexité des organes qui la vivifient et sont efficients sous elle. La réalité ultime de la matière n’est-elle pas pure énergie ? Ou, comme on le soupçonne aujourd’hui, information ?

 

             Les artistes du fantastique sont souvent déçus par ce monde dans lequel ils vivent, un monde formaté par ceux-là dont les ambitions présentent peu de rapport avec la réalisation de l’humain dans l’homme. L’idéal de ces artistes caresse la vision d’un monde où les valeurs profondément humaines trôneraient  au milieu du village. Voilà pourquoi dans telle ou telle œuvre, une certaine désolation peut apparaître, mais on ne verra jamais ici une complaisance dans l’angoisse ou le morbide, l’espoir est triomphant et la voie de l’homme vers l’Homme n’est pas une utopie, mais un encouragement à accomplir enfin ce qui n’aurait jamais dû être délaissé. »

                        

                                     Copyright Michel Barthélemy – Commissaire de Faerie


 

Toccata.jpg                                              Michel Barthélémy - "Toccata" - huile sur toile -

 

 

                   

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