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28 février 2022 1 28 /02 /février /2022 08:17
581 - La fille de l'autre ferrailleur
"Cafouillage" - dessin à la mine de plomb - 32,5 x 50 cm - janvier 2022

"Cafouillage" - dessin à la mine de plomb - 32,5 x 50 cm - janvier 2022

 

 

 

 

La fille de l’autre ferrailleur

 

               C’était jadis, il y a bien longtemps. La campagne nous entourait de toute part, et nous étions bien sous le soleil de Bourgogne. C’est alors que survint la famille du ferrailleur.

               Jusqu’à ce jour si nous n’étions pas seuls au monde, c’était du moins en petite compagnie et avec le minimum de voisins indispensables pour n’être pas isolés dans un décor charmant mais un peu vide. La nature faisait le reste avec ses vaches, ses lézards et ses escargots pour meubler un lieu champêtre qui aurait pu se révéler insuffisant pour nous proposer des jeux  et des péripéties indispensables à cet âge tendre. Cet âge où l’on s’ouvre au monde et à sa magie. Celui où la suite des saisons change le décor sans sommation avec la pluie et le beau temps, ses grands frimas et ses canicules exaltées. Parfois le brouillard engloutissait les environs mais un coucher de soleil au paroxysme de sa gloire enivrait nos âmes enfantines avant que de sombrer dans le gouffre de la nuit la plus obscure, terrorisant les bambins qui ont  encore peur du noir. Avec mon frère, nous étions voisins de la vieille mère Perrin et du père Léonard qui habitaient tout près et nous coulions des jours enfantins sous la garde vigilante de  pépé Louis et de son épouse mémé Léonie qui allait bientôt  quitter cette vallée de larmes pour des cieux plus cléments, Ainsi ferait suite un avenir consolant qu’on nous promettait, si nous étions bien sages en tenant compte de ce qu’on allait nous enseigner au catéchisme pour le salut de notre âme.

               C’est alors que survint, très inopinément, la famille du ferrailleur. C’était modeste par le nombre : le père, la mère   et leur progéniture. Nono était un garnement plein d’une vitalité exubérante et d’une créativité inépuisable. Que n’allait-il pas inventer pour faire de la vie un peu monotone du hameau un théâtre digne de la comédie humaine riche en surprises, retournements et quiproquos ? Sa sœur était plus discrète parce qu’un peu plus jeune et que sa maman lui interdisait d’aller « jouer avec les gamins », connaissant bien la propension de la jeunesse à vouloir découvrir les mystères de la vie et à en découvrir les dessous en jouant au docteur…C’était d’ailleurs justifié dans l’environnement particulier qui allait transformer le paysage. Car bien entendu Marcel, le ferrailleur allait déployer son activité aux alentours. Son action se révéla tout naturellement concentrique. Partant de lui-même il se mit à occuper l’espace environnant accumulant tout ce qui lui tombait sous la main et qui était récupérable. Ferraille et peaux de lapins, débris de toute sorte, objets normalement promis au « dépotoir » le long de la rivière. Mais il n’était pas dénué d’ambition et voyait grand pour son avenir. Très vite les vieilles voitures s’accumulèrent au milieu de cuisinières et d’objets peu identifiables. Ce qui ne l’intéressait pas  était brûlé, Cela nous valait à l’occasion de grands  feux de pneus apportant un parfum guerrier à l’air pur de la campagne.

 

                                                                                              A suivre

 

 

 

 

 

 

 

581 - La fille de l'autre ferrailleur
581 - La fille de l'autre ferrailleur
581 - La fille de l'autre ferrailleur

 

 

 

 

Poutine serre les dents

Les vaches ruminent

et le monde 

suit son

cours

...

 

 

 

 

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