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26 février 2019 2 26 /02 /février /2019 13:02
"L'amante religieuse" - Huile sur toile - 73 x 60 cm - 2012

"L'amante religieuse" - Huile sur toile - 73 x 60 cm - 2012

Caca boudin

 

 

 

           C’était une petite mouche gracile et ravissante. Sa délicate couleur verte, d’un vert sombre et profond était irisée de nuances se réchauffant  jusqu’au brun fauve mais délicieusement piquetées de petites flèches d’un bleu azur qui étincelaient et vous exaltaient l’œil sans vous blesser. Ses pattes aussi, vives et alertes, fines et précises soutenaient sa silhouette avec une infinie délicatesse qui n’excluait pas une efficacité redoutable de précision. Elle voletait de ci de là avec un doux bourdonnement à peine audible mais rassurant dans sa régularité. C’était comme le ronron d’un moteur qui se charge de notre confort et de notre sécurité. Celui d’un poêle ou d’un réfrigérateur dont la présence attentive va assurer nos besoins et notre subsistance.

           Incertaine et ludique, passant d’une attirance à l’autre la petite mouche, active et obstinée, parcourait en virevoltant l’infinie diversité du monde qui s’offrait à son exploration. Libre et souveraine elle pouvait choisir dans tout ce qui l’attirait et sollicitait son attention. Ainsi elle pouvait vagabonder de fleur de pissenlit, solaire et rayonnante, en coquelicot rougeoyant et cocardier. Sans préméditation elle pouvait aussi  se poser sur le timon d’une charrette ou la roue accidentée d’une brouette. Vous savez de ces brouettes antiques toutes de bois formées avec juste ce qu’il faut de métal pour assurer la solidité de l’assemblage et la pérennité de l’outil utile à son propriétaire.

           D’ailleurs celui-ci était présent. Avec ses gros sabots et sa moustache de gaulois il cachait son âge derrière un système pileux  désordonné. Cependant ses forces lui permettaient encore de faire bonne figure en poussant sa brouette. Ce dont il n’était pas peu fier.

           Mais la petite mouche, inlassable poursuivait son périple. Après la queue du vieux chien, puis le museau, voilà qu’elle explorait les confins de la mare. C’est qu’il faut aussi se réhydrater si l’on veut vivre sa vie jusqu’à son terme. Et dans son cas celui-ci se rapprochait dangereusement car sa vie était courte. C’était celle d’une créature fugace qui meurt avec la fin de la journée.

           Ainsi donc elle allait se baguenaudant sans vergogne, se posant ou bon lui semblait et selon sa fantaisie. Après les bâtiments en vieille pierre  elle se posait sur la clôture avant de revenir vers l’étable dont la chaude senteur était douce à son cœur. Là, attirée par de tendres effluves elle put enfin se poser sur ce qui l’attirait puissamment. Entre deux flaques d’eau croupissante s’étalait une bouse de vache. Large, onctueuse, encore bien fraîche ! Bref un régal ! D’autant plus qu’elle était entourée de petits tas de crottin, bien ronds et encore fumants ! Certes il aurait pu y avoir en prime une crotte du vieux chien ou d’autres délices plus inattendus mais tout aussi opportuns.

           Allons ! On le sait bien, le mieux est l’ennemi du bien et la surabondance engendre la lassitude. Qui a son tour peut être source de désagrément... Mais cessons de philosopher car après tout il ne s’agit que d’une petite mouche bien sûr ravissante, mais coprophage comme toutes ses semblables. Et donc très friande du caca des autres. Ce qui est son droit le plus strict.

 

                                                        Le Chesnay le 20 décembre 2018

                                                        Copyright Christian Lepère

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