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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 06:46
"Ténèbres resplendissantes"  - (abstrait visité par du figuratif) - huile sur panneau - 46 x 38 cm - 2015

"Ténèbres resplendissantes" - (abstrait visité par du figuratif) - huile sur panneau - 46 x 38 cm - 2015

 

Le peintre

soumis à la question

(suite et fin)

 

              Breughel et Hiéronymus m’ont donc ouvert une voie que je n’ai jamais cessé de suivre depuis. Mes vues se sont élargies et des estampes japonaises aux masques africains en passant par les couchers de soleil de Claude Gellé dit le Lorrain j’ai intégré d’autres mondes pour finir par me considérer comme un peintre abstrait. Paradoxe ? Non ! Et cela mérite explication. Après tout une œuvre picturale est avant tout un ensemble de lignes, de surfaces et de couleurs qui se doivent d’avoir un intérêt en elles-mêmes. Comme la musique qui, sauf exception, ne ressemble à rien de reconnaissable dans le monde extérieur mais qui témoigne malgré cela d’une beauté et d’une harmonie inhérentes. Beauté basée sur des rythmes en accord avec ceux de notre biologie et des rapports de fréquences d’une rigueur toute mathématique. Et c’est vrai pour toutes les sortes de musiques, qu’elles soient d’une rigueur très intellectuelle ou d’une exubérance populaire. C’est vrai de Jean-Sébastien Bach, du jazz sous tous ses aspects, du rock et des chants Grégoriens.

              Je suis donc un peintre abstrait, indéniablement figuratif, certains diraient même anecdotique et plutôt porté sur le petit détail rigolo. Ce serait rater l’essentiel qui est, sous le pittoresque apparent, une recherche d’harmonie et d’unité dans l’organisation. Le reste étant donné par surcroit et pas totalement indispensable. Tant pis pour ceux qui voient avec leur seul intellect ce qui s’adresse directement à la sensibilité comme toute musique visuelle digne de ce nom.

              Si je m’affirme en tant que peintre abstrait, c’est aussi pour la raison évidente qu’il suffit de zoomer sur mes peintures et d’en extraire de petites zones pour que, isolés du contexte, les détails perdent toute signification figurative et ne soient plus que de la peinture pure dénuée de références au monde connu et reconnu où nous fait vivre notre vision étriquée et utilitaire. Celle-là même qui permet qu’après un vague coup d’œil nous puissions nous empresser de « reconnaître » notre petit monde familier. Ce qui nous dispense d’une enquête plus approfondie et nous permet de passer à autre chose. Car c’est bien là le problème, celui de la vision ordinaire incapable de voir le monde dans son renouvellement incessant et préférant authentifier au jugé ce qu’elle a déjà enregistré et validé. C’est pourquoi nous vivons dans une grisaille de routine et de convention qui se veut rassurante. Et qui l’est. Mais en nous coupant irrémédiablement de la réalité concrète qui n’a que faire de notre besoin de sécurité et de certitudes conventionnelles.

 

                                                                    La Brosse Conge le 22 août 2015

                                                                    Copyright Christian Lepère

 

 

 

"Microcosme"  (abstrait visité par du figuratif) - huile sur panneau - 46 x 38 cm - 2015

"Microcosme" (abstrait visité par du figuratif) - huile sur panneau - 46 x 38 cm - 2015

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