Prenant son temps
(suite 5 et fin)
Voilà ! Je pense en avoir terminé pour cette fois aves les souvenirs anciens peuplant les profondeurs de ma mémoire. Certains n’étaient pas trop enfouis et se sont laissé convoquer sans trop de peine. Une cohorte nombreuse de disparus m’attendait dans les recoins et les profondeurs presque oubliées de ma cervelle qui fait sans cesse le tri et tente de ne pas perdre pied en supprimant tout ce qui n’est pas d’un intérêt immédiat, tout ce qui n’est pas vivant dans le présent.
Mais en réalité, on n’oublie jamais rien. Et c’est vrai pour le plus accablé des vieillards séniles rongé par la maladie d’Alzheimer. Tout semble disparaître comme château de sable à marée montante et rien de ce qui a été construit par des enfants pleins d’enthousiasme ne peut résister aux vagues de la mer qui viennent tout égaliser. Mais en profondeur, rien n’est perdu, seuls les moyens d’accès nous font défaut. C’est comme si nous avions perdu les clefs. Maîtres d’une somptueuse bibliothèque contenant tous ce que nous avons vécu et sans doute beaucoup d’autres choses, pas forcément personnelles….car après tout, tout être humain est un condensé d’humanité et peut puiser dans la mémoire collective tout ce qui lui échappe. La comparaison avec l’ordinateur est caricaturale et assez naïve mais on peut s’en servir. Si la machine a une mémoire propre inscrite dans son disque dur, elle peut aussi utiliser le « cloud »,cette mémoire infiniment plus vaste qui met au service de l’esprit le plus borné une somme prodigieuse de connaissances et d’images.
La chose est à approfondir mais il semble bien que notre cerveau pensant soit aussi, et peut-être plus, un émetteur-récepteur relié au vaste monde qu’un tâcheron se débrouillant avec ses modestes moyens.
La Brosse Conge le 27 septembre 2021
Copyright Christian Lepère
aujourd'hui
le brouillard investit la contrée
noyant tout dans sa léthargie cotonneuse
plongeant nos cervelles embrumées
dans une amnésie
reposante.
mais la suite ne saurait tarder...