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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 10:00
"Course-poursuite" - dessin aquarellé - 50 x 65 cm - 1994

"Course-poursuite" - dessin aquarellé - 50 x 65 cm - 1994

I love Facebook !

 

       Alors j'aime ou j'aime pas ? Pas d'hésitation il faut se décider. Sous chaque photo, sous chaque intervention vous êtes invités à acquiescer et à vous conjoindre chaleureusement! Et si t'hésites, pas de clic !

             Voilà où nous en sommes avec les réseaux sociaux jeunes, contemporains et dynamiques. Il faut trancher. Il faut dire si c'est nul ou génial. Car on a le droit de ne pas aimer et de le proclamer derechef !

             Jadis ces comportements étaient réservés aux adolescents. Car il faut bien que jeunesse se passe et que depuis Neandertal tout un chacun se construit et devient adulte en s'opposant et en se montrant péremptoire. Et définitif.

             Donc Facebook nous met au pied du mur. Il nous somme de prendre parti. Il a horreur de l'indécision. Cela s'applique à tout, de la recette de gratin aux aubergines au téléfilm le plus scandaleux (Mais tellement courageux dans sa dénonciation des ultimes tabous qui nous oppriment encore…) Il faut agir ! Il faut protester ! Il faut condamner le condamnable pour savoir enfin qui est qui et où se cache le mal, l'ennemi, le planqué, celui qui ne partage pas le consensus. Celui qui ne dit ni oui ni non, le diplomate, le normand, l'irrécupérable. Celui qui refuse le classement au hit-parade.

             Enfin, Dieu merci tout excès a son antidote, ses aménagements. Après avoir tranché vous pouvez commenter. Et dire pourquoi ça vous a plu ou ulcéré au dernier degré. Après l'élan, le coup de cœur, la pulsion initiale, place à la réflexion et à la justification. Enfin on peut dire pourquoi l'adrénaline vous submerge en écoutant Johnny hurler sa révolte et sa déréliction devant des foules en délire à Bercy ou ailleurs ou pourquoi Lady Gaga est sublime d'intensité contestatrice. Ou pourquoi Paris Match est une insondable source de réflexion sur le devenir du monde.

             Mais il y a aussi le positif absolu, le progrès exponentiel qui nous conduit vers les lendemains confraternels, ceux qui chanteront après l'ultime révolution numérique. C'est qu'on peut se faire des amis avec les amis de ses amis. Finie l'époque où pour tisser des liens il fallait prospecter le voisin de palier ou de bureau avant  de réussir à s'immiscer au sein d'une association de copocléphiles ou de Chevaliers du Tastevin. A moins que la chaude confraternité du sport ne vous pousse à supporter l'équipe de rugby locale.

             Maintenant on peut compter ses amis par centaines, voire plus. Tant pis si on ne les connaît que par leur pseudo et si leur réalité biologique ne correspond pas véritablement aux promesses virtuelles. De toute manière on n'est pas forcé de prendre le petit déjeuner avec eux ni de partager leur passion pour le saut à l'élastique.

Alors cliquons. Relions-nous. Branchons-nous sur des réseaux multiples englobant la planète de son maillage convivial. Inondons la toile de messages sublimes indéfiniment  répercutés et rebondissant de site en site à vitesse électronique.

             Ainsi nous saurons tout sur tout ! Rien ne pourra plus nous échapper ! Alors repus de ces orgies relationnelles nous pourrons enfin goûter un apaisement bien légitime. Peut-être même pourrons nous passer la soirée à regarder quelque somptueuse émission télévisuelle à la gloire de l'Art Contemporain le plus branché en grignotant quelque popcorn généreusement arrosés de petites bières venues tout droit des caves du super marché le plus proche.

 

                                                             La Brosse Conge le 27 août 2014

                                                             Copyright Christian Lepère

 

"Relations algébriques" - dessin aquarellé - 13,5 x 13,5 cm - 1996

"Relations algébriques" - dessin aquarellé - 13,5 x 13,5 cm - 1996

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