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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 08:45
"Petit peuple mélomane" - huile sur toile - 46 x 38 cm - 1990

"Petit peuple mélomane" - huile sur toile - 46 x 38 cm - 1990

 

Plaidoyer pour l’altruisme

 

              Depuis quelques jours je me suis lancé dans la lecture du très gros livre de Matthieu Ricard : « Plaidoyer pour l’altruisme » ; Pourtant j’étais prudent et je m’étais bien juré de ne pas m’y laisser entraîner.

              A cela plusieurs raisons. D’abord j’ai sous le coude quelques écrits en attente dont j’aimerai prendre connaissance sans trop tarder. Parmi eux plusieurs prêtés par des amis dont la bienveillante attention souhaite me faire bénéficier de sources importantes à leurs yeux. Connaissant mes goûts et mes inclinations ils ont sans doute choisi de quoi m’appâter et retenir mon attention.

              Ensuite il y a dans ma bibliothèque quelques livres anciens qui se rappellent discrètement à moi en dépassant négligemment de l’alignement et en tombant sur le tapis comme par mégarde. Certains vont même parfois en profiter pour s’ouvrir à la bonne page sans raison flagrante, si ce n’est qu’un livre s’ouvre plus facilement là où on l’a consulté plus fréquemment. Or l’expérience m’a appris que si une relecture est souvent fort utile, c’est à des titres divers.

              D’abord il est toujours bon de se replonger dans ce qui nous a accroché et qu’on a sans doute en partie oublié ou magnifié dans un élan juvénile bien excusable. Ensuite il se peut que d’autres sources aient fait sentir le besoin d’un complément d’informations. Ainsi l’épreuve du temps permet de prendre du recul et d’aborder d’anciennes nouveautés avec un œil plus vaste et un esprit plus critique. Dans ce cas si l’intérêt persiste cela prouve que la chose n’était pas négligeable et méritait au moins une nouvelle visite.

              En dernier lieu il est bien connu que la fréquentation de certains magasins ouverts par intérêt bien compris aux choses de l’esprit particulièrement tendance, tels que la FNAC est un piège pour tout consommateur, le fût-il de produits culturels, littéraires ou assimilés.      

              J’évitais donc de m’y rendre jusqu’à ce jour où comme d’habitude mes errances journalières m’ont conduit en marchant de square en square et de sentes en rues paisibles jusqu’aux confins des lieux civilisés  à des chemins forestiers où la gadoue succède au goudron et la nature à la brique et à la meulière.

              Après ce séjour forestier revivifiant je revins vers mes semblables. J’arrivai ainsi au fin fond des quartiers retirés de Versailles. Là où le mélange de petits pavillons modestes de banlieue (Du style « Sam Suffit ») avec des bunkers sécurisés forme un tissu disparate mais relativement homogène. Car les nouveaux résidents, fuyant la ville et son tumulte, recherchent l’ombre des grands arbres sans renoncer à tout ce qui peut rendre le quotidien plus sûr et digne de leur rang. C’est ainsi que l’on voit d’assez belles demeures de facture très traditionnelle, respectant les us et coutumes et même les matériaux nobles comme la meulière servir d’écrin a des appartements confortables. Bien qu’hautement sécurisés avec des murs bétonnés reposant sur des fondations dignes d’abris anti-nucléaires ceux-ci sont dotés de tout ce qu’une high tech peut procurer comme superflu indispensable.

              Ces havres de paix merveilleusement sécurisés le sont de façon discrète. Alarmes, digicodes, détecteurs d’intrus et autres gadgets en rendent l’accès problématique pour toute personne ayant égaré sa télécommande ou oublié son mot de passe. Mais tout se mérite et quand on réintègre sa prison, elle est au moins d’un excellent standing et d’un confort technologique irréprochables. Aucun s.d.f. ne saurait s’y immiscer et même les chats ont parfois quelques difficultés avec leurs chatières

              Bien sûr tout cela n’empêche pas de renforcer les portails avec des barres d’acier et de rendre les barreaux très solides mais aussi très « design ». Car après tout ce sont bien des malfrats en chair et en os, munis de solides pinces monseigneur qu’on veut dissuader de rendre une visite amicale et admirative aux belles choses que vos moyens vous permettent de collectionner. Ainsi vous pouvez dormir tranquille et partir en week end à Avoriaz sans risquer  l’inquiétude mère de tous les stress.

              Mais je m’égare…Ou plutôt je me retrouve non loin de chez moi. Remonter la vaste avenue, comme si je revenais du parc de Versailles me ramène vers le Centre Commercial jadis premier d’Europe. Et voila, à gauche c’est la FNAC…A droite ? c’est sans importance…

              J’entre donc. Il fait chaud et c’est plein de chaleur humaine. C’est rassurant au possible et des piles de livres m’accueillent avec leurs belles couvertures, leurs titres alléchants et leurs références incontournables. Que des témoignages bouleversants de stars et de peoples, des controverses d’intellectuels très tendance, des manifestes d’universitaires rénovant les concepts et aussi de beaux livres d’images pleins de paysages somptueux numérisés ou de documents arrachés à l’oubli après de patientes recherches dans

des bibliothèques virtuelles.

              Enfin voici le livre de Matthieu Ricard. Un bon format, neuf cent dix pages sur du papier fin et un contenu très dense. J’achète. Je passe en caisse. Je tape mon code et je rentre chez moi.

              Voila pourquoi depuis quelques jours je néglige un peu d’autres activités. Car le propos de ce livre est énorme, la lecture longue et patiente. L’ensemble est à parcourir à pas lents en soupesant tous les aspects si l’on souhaite en avoir une vision aussi objective que le souhaite son auteur. Mais il reste de longues veillées d’hiver et je vais continuer sans relâche pour en tirer toute la substantifique moelle.

 

                                                                    Le Chesnay le 6 janvier 2014

                                                                    Copyright Christian Lepère

 

 

"L'arrière saison" - Eau-forte imprimée sur papier Arches format demi-Jésus - 1977

"L'arrière saison" - Eau-forte imprimée sur papier Arches format demi-Jésus - 1977

La prochaine fois :

 

« L’impermanence a encore frappé »

 

Vous en apprendrez plus sur les dernières nouvelles

de ce monde mouvant…

 

 

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