Sombre désespoir
Et tout ce qui peut y faire suite
Armé de sa Kalaschnikoff il arpentait les rues. Glauques et tristes elles se succédaient enchaînant leur désolation de place en place, répétitives, lugubres, sans nul intervalle pour soulager sa peine.
Ca faisait un sacré bail qu’il se traînait ainsi, accablé, solitaire, sans espoir d’aborder un carrefour ou une bifurcation. Un décrochement ou une altération dans l’alignement morne et répétitif de la grande ville. Mais rien à perte de vue, pas le moindre soupçon de discontinuité, la moindre hésitation dans la réitération du même et du désespérément semblable. Lugubres, les façades se succédaient comme une falaise hostile , hautes et lointaines comme des blocs d’indifférence grises et pesantes
A quoi bon poursuivre quand nulle lueur ne semble palpiter à l’horizon. Quand nul tremblement ne vous attend frémissant au carrefour. Quand nulle césure ne vient rompre la monotonie d’un avenir désespérant et sans issue…
Pourtant il avait bien cru parfois déceler une rumeur, un clapotis vague de présences humaines. Mêmes indécises. Même à peine suggérées ou vaguement superposées à de lointaines altérations d’un silence opaque et définitif.
Là bas, au loin n’y avait-t-il pas comme un remugle ; un frémissement de présence ; un soupçon de vie prête à prendre de l’ampleur ? Mais non !c’était le calme létal, la fin de tout espoir de vie.
Bien sûr remontaient en lui les rumeurs d’un lointain passé. Il était jeune alors et plein d’un frémissement adolescent. Dans son cœur vibraient des révoltes devant les malheurs du monde. La chape de plomb de ses espoirs déçus se fissurait aux prémisses d’un printemps tant attendu
Quelques charges de CRS suivant de longs piétinements au Quartier Latin et déjà l’avenir semblait perdre de son poids et de sa lourde opacité. Enfin ça bougeait ou ça semblait devoir le faire. Ah ! les longues files de cars aux abords de la République. Grises et opaques mais prêtes à libérer les forces de l’ordre pour en découdre en de violents affrontements. Et cela aux pieds même du symbole de l’espoir du monde. De la liberté et de la démocratie triomphante. Au pied de la statue sereine et pacifique de cette femme inflexible dominant un vain tumulte. Se découpant sur un ciel plein d’espoir et de lendemains qui chantent tout nimbés des lueurs roses d’un soleil qui se couche pour mieux ressurgir à nouveau. A tout jamais ! A tout jamais !
Mais l’heure n’était pas à l’apaisement. D’ailleurs qu’y aurait-il eu à apaiser ?. Quand tout est anéanti le pire ne peut plus se produire . Et c’était bien là le problème.
Laissons le donc poursuivre la vanité de sa quête. Laissons le donc ronger son frein dans sa solitude accablée. De toute façon ce n’est pas si grave.
Car je ne saurai rien prétendre ni m’avancer sans preuves objectives. Enfin avec un peu de chance et un soupçon de vraisemblance il est toujours possible que le destin ne change d’avis. Il n’est donc pas impossible qu’une jeune personne, une ravissante hurluberlue ronde et volubile ne soit à ce moment en train de se diriger vers lui, sans le savoir, prête à, remplir son champ visuel à l’improviste d’une douceur aussi sensuelle qu’inattendue Et que voulez-vous, si la chair est faible, il est aussi vrai qu’elle peut vous remonter le moral de façon surprenante. Vous précipitant non pas de Charybde en Scylla mais de la plus morose des déprimes à des vues nettement plus optimistes sur la vie et tout ce qui peut lui redonner un intérêt plus immédiat et somme toute bien naturel !
Adieu tourment ! Adieu Kalaschnikoff ! A chaque instant suffit sa peine, fût-elle la plus irrémédiable ou au contraire un petit bonheur bien humain causé par la simple évidence des choses de la vie.
Alors à plus… si ça vous tente !
La Brosse Conge le 27 février 2020
Copyright Christian Lepère
Donc à la prochaine fois
où de nouvelles aventures nous attendent
car notre destin ne saurait d'arrêter de façon aussi courte
et sans crier gare!
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