"L'or de l'automne" - huile sur toile - 65 x 54 cm
AU DELA DU CHAMP DU FEU
Dix degrés ce matin au thermomètre. Après la canicule voici venir l’automne. La chaleur accablante après avoir fait place aux ondées a replié bagages. Tout au moins pour le moment. C’est l’accalmie et voici que m’assaillent de très anciens souvenirs.
C’était jadis, l’enfance et au-delà sans doute. Avec les premières brumes et le soleil déclinant reviennent les éclairages d’arrière saison dont les nostalgies ont toujours été pour moi les prémisses d’un ailleurs, d’un bien plus loin, d’un très au-delà.
C’est là-bas derrière la colline, plus loin que les vagues bleutées des monts du Morvan. Plus loin que le Bois Monsieur où nous allions chercher du muguet. Plus loin même que le Champ du Feu où, me disait-on des gens vivaient seuls au milieu des bois… Te rends-tu compte ! Tout seuls !
Et voilà qu’en ce milieu d’Août le temps a basculé et qu’au plus profond je retrouve ces pays émerveillés de fin de saison.
Jadis, il y a bien longtemps, quand j’étais petit, la rentrée était le premier octobre et septembre étirait ses brumes dorées sur les vendanges. Et déjà je me sentais chez moi dans cette fuite du temps, dans cette fin de chapitre. Les jours raccourcissaient, allongeant les crépuscules. Moment paisible et nostalgique où tout se calme et se retire. Où même le clapotis s’apaise, faisant place enfin au silence. Profond et insondable. Magique. Merveilleux et parfois terrifiant, mais d’une douceur si déchirante.
Sermizelles août 1994
Copyright Christian Lepère