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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 07:56

95-Bientôt-la-nuit---------

                                                                                    "Bientôt la nuit" - huile sur toile - 73 x -à cm

 

 

L’AGE DU CAPITAINE 

 

                       Prenons la grande pyramide, celle de Kheops. Sa base, bien qu’usée, a des dimensions irréfutables. Multiplions sa largeur par le carré de l’hypoténuse du triangle formé par l’intersection des diagonales qui lui sont propres.  Nous obtiendrons à coup sûr un nombre indiscutable puisque mathématiquement déterminé. Si ensuite nous le multiplions par la racine cubique de la distance terre-lune avant de lui soustraire le 1/10° de la même distance, le résultat ne peut-être que, sauf erreur, l’âge du capitaine du Titanic au moment du naufrage de ce dernier (qui a eu lieu a une date qui n’est certainement pas anodine puisque divisé par la racine cubique de 3,14116 elle permet de prévoir à son tour la date d’anniversaire du président Moubarak dont le rôle clé dans le monde actuel ne saurait être sous-estimé.

                    Au fait, si vous n’avez pas trouvé le bon chiffre, c’est que,  par manque de rigueur vous n’avez pas tenu compte de la dérive des continents due à la tectonique des plaques elle-même influencée par la précession des équinoxes.

                   Je suis sérieux, (mortellement) le monde est infiniment vaste, subtil, enchevêtré et pourtant le hasard n’existe pas. Que nous ne puissions prévoir la suite est très ennuyeux du point de vue pratique, mais est du aux limites de la petite entité autogérée que nous nous obstinons à considérer comme notre nature ultime. Tout nous dépasse et comme me l’a rappelé un ami peintre, belge de surcroît « Nos connaissances ne sont jamais que des lacunes dans notre ignorance.» J’avoue avoir été traumatisé par l’incontournabilité du propos. Sans doute parce qu’elle m’a cloué le bec.

                    Mais revenons à nos moutons. Des savants illustres, tels Jacques Monod auteur du « Hasard et la nécessité » veulent à tout prix croire au hasard. Car sans cela, disent-ils adieu à notre autonomie et à notre libre-arbitre. Toutes nos prétentions égotistes anéanties, il n’y aurait plus qu’à laisser le monde suivre son cours…Mais au fait, fait-il autre chose ? Sans nous demander notre avis ? Et si il semble nous le demander, sommes nous libres d’y répondre sans être guidé irrémédiablement vers la réponse ?

                   Il se trouve qu’actuellement, guidé par le « hasard », je lis les romans de Bernard Werber, jeune auteur talentueux à la plume prolixe. Par ailleurs, le fait qu’il ait une tête bien pleine ne l’empêche pas de l’avoir aussi bien faite. Ce qui ne gâte rien. Il se trouve qu’il a un penchant pour les jeux d’esprit, les énigmes et les paradoxes. Très souvent il propose des jeux où l’on a tellement le sentiment d’être libre de choisir que le fait que la réponse puisse être devinée nous plonge dans la perplexité. Or à chaque fois, comme dans les tours de prestidigitation, tout vient du fait qu’on attire notre attention à droite pendant que le lapin disparaît à gauche. Tout est truqué, la manipulation nous échappe et le résultat nous stupéfie. Donc l’illusion du choix est la clé de l’énigme. En réalité tout se passe « comme si » il y avait plusieurs possibilités.

                   Tout ce préambule pour en arriver à notre vie quotidienne. Sans arrêt nous sommes placés devant des choix, sans arrêt nous hésitons, nous soupesons, nous nous livrons à des estimations et nous élaborons des scénarios vraisemblables. Par ailleurs la vie nous prouve inlassablement que nous pouvons nous tromper, nous fourvoyer, regretter nos erreurs et nous promettre de ne plus jamais recommencer. Ce qui en général n’empêche pas la récidive puisque par nature nous sommes tous des multirécidivistes. Pour le meilleur et pour le pire. Cependant notre prétention à être libres, autonomes et responsables de nos choix persiste contre toute preuve du contraire. D’ailleurs, pour prouver que « tout n’est pas écrit » on va invoquer le passé. Bien sûr Adolf Hitler a marqué les mémoires et son rôle n’a pas été anodin. Alors imaginons, et c’est facile avec des « si ». Allons-y, c’est gratuit. Adolf a été une calamité, bien sûr, oui mais si…sa mère avait glissé sur une peau de banane deux heures avant sa naissance…si il avait eu une enfance paisible à la campagne…et si, peintre amateur doté d’une certaine habileté et féru d’architecture il avait pu entrer aux Beaux-Arts au lieu d’être humilié par deux refus…Hélas, il était ce qu’il était et nul ne pouvait en prévoir les conséquences.

                        Loin de moi l’idée de vous accabler. Je ne suis pas plus intelligent ou informé que l’honnête lecteur qui a la patience de me lire. En aucune façon. Mais enfin on peut aussi constater que la réflexion est possible. Alors pourquoi s’en priver ? Des physiciens, scientifiques incontestables, rigoureux et méthodiques s’obstinent à vouloir croire au hasard. Selon eux la preuve réside dans le principe d’incertitude d’Heisenberg selon lequel il est impossible de connaître à la fois la position et la vitesse d’une particule, parce que l’intervention de celui qui observe modifie ce qui est observé. Fort bien, mais cela prouve simplement que ce n’est pas possible avec nos moyens actuels et d’ailleurs cela n’empêche pas la particule d’avoir simultanément une vitesse et une position quantifiables, même si elles nous échappent. D’autres vont jusqu’à affirmer qu’à des niveaux encore plus subtils il n’y a plus aucune lois permettant une quelconque prévision et que là règne la « gratuité » la plus absolue, ce à quoi des chercheurs plus prudents et moins arrogants, tels David Bohm  se permettent de suggérer qu’il existe peut-être des « variables cachées » qui resteraient à découvrir. Au moins la question reste prudemment ouverte et cela sans doute encore pour un certain temps…

                       En attendant on peut continuer à vivre sa vie avec ses joies, ses peines, ses espoirs et ses déceptions et continuer de prendre son petit café plus ou moins sucré, suivant ses goûts avant de retourner vaquer aux tâches qui nous incombent.

 

                                                                               Le Chesnay le13 février 2011

                                                                               Copyright Christian Lepère

 

 

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                       "Les grandes cités blanches" -  huile sur panneau - 61 x 50 cm

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