Intervention
Je vous ai parlé de ma prostate qui méritait d’être « grattée » Depuis quelques temps elle ne remplissait plus toutes ses missions avec soin et célérité. A mon âge cela était normal et correspondait au fonctionnement statistiquement habituel. Bref j’étais comme beaucoup de mes semblables amené à être vigilant et à prévoir de menus dérapages. Ceux-ci sont épargnés au sexe féminin mais, bien entendu, compensés par d’autres tout aussi ennuyeux au cours d’une carrière biologique considérée comme normale. Et même naturelle.
J’ai donc été opéré à la polyclinique d’Auxerre. Dès l’accueil tout s’est déroulé normalement. Mon dossier était complet et tous les justificatifs présents en bon ordre. A commencer par l’attestation d’absence de virus qui aurait interdit par sa simple absence toute intervention. Avec retour à la case départ. Ensuite j’ai eu droit aux égards des infirmières, aides-soignantes et personnel administratif. Tous et toutes aimables, polis et bien élevés, bien que souvent stressés par leurs activités débordantes, sans oublier les brancardiers musclés mais sympathiques.
Je n’ai plus eu ensuite qu’à attendre, à patienter dans le rôle de patient.qui était le mien. Enfin on me descend au bloc… Accueilli par toute une équipe, on endort ma partie inférieure, laissant la tête libre d’observer et l’intellect de broder des napperons avec ses cogitations coutumières. Pendant ce temps les jambes sont inertes, lourdes comme du plomb et résolument absentes. C’est assez long et il faut ensuite récupérer au milieu de quelques autres qui retrouvent leurs esprits sur leurs brancards respectifs.
Enfin le chirurgien est satisfait. Il me parle des petits ennuis qui peuvent cependant se produire. En fait je m’en tire très bien : pas de saignements, pas de douleurs et très vite, en buvant beaucoup je recommence à uriner normalement. . La couleur est jaune clair, prouvant que tout va bien.
On m’a enfin débarrassé de ma sonde qui après trois semaines devenait de plus en plus encombrante. Il ne restera plus qu’à supprimer la perfusion. Avant de m’autoriser à réintégrer la vie civile. Dernières formalités administratives et enfin retour à La Brosse Conge par un taxi-ambulance confortable où je n’ai plus qu’à me laisser véhiculer. On appelle cela le lâcher-prise et, poussé au bout du bout le plus ultime cela peut conduire à la Sagesse. Je n’en suis pas là mais c’est la bonne direction. A condition que l’ego qui me sert encore de paravent accepte enfin de s’effacer en reconnaissant qu’il est inepte, superflu et ne sert strictement à rien d’autre que s’accrocher à son passé pour ne pas disparaître. En tant qu’illusion il arrive à nous convaincre de notre identification au personnage qu’il a lui-même fabriqué de toute pièce avec tout ce qu’il pouvait récolter et assembler. Avec l’aide de nos chers parents et de tous ceux qui nous ont éduqués pour faire de nous de bons citoyens respectant les croyances sociales qui permettent de s’adapter à un monde de fous bien élevés et présentables.
La Brosse Conge le 8 janvier 2021
Copyright Christian Lepère
Tout est bien qui finit bien!
Toute chronologie respectée, chaque enchaînement prévu
réalisé en temps et heure...
Que demander de plus en ces temps de dérèglement climatique
et de virus batifolant ?