Discrépance
La semaine dernière un aimable lecteur m’a rappelé une des caractéristiques de mon blog : La discrépance entre texte et image. Ignorant le sens de ce mot, je me suis renseigné. Il s’agit onc du manque de lien entre les deux pouvant créer de l’insatisfaction logique.
J’admets fort bien ce reproche et j’avoue d’ailleurs avoir du goût pour ce qui n’a pas de rapport évident. Je passe facilement du coq à l’âne et je tente plutôt des ouvertures multiples et des rencontres fortuites. Comme dans la vraie vie qui ne se prive pas de nous inonder d’informations contradictoires et d’entrechoquer les thèmes les plus saugrenus.
Toutefois dans ce cas le reproche n’était peut-être que superficiel, le dessin reproduit ayant quand même un rapport avec la connaissance de soi-même et des multiples contradictions qui tissent notre psyché.
Il se trouve que depuis le confinement j’ai réalisé un bon nombre de dessins en noir et blanc ou en couleurs.. Dans ceux-ci j’ai cherché à cerner la nature humaine dans tous ses états. D’abord les étapes de la vie, de la conception au tombeau et toutes les manifestations de nos émotions et de nos états d’âme. Enfin diverses activités déclenchées par le jeu des circonstances déclenchant nos instincts et nos perturbations. Bref toute la « Comédie humaine ».
Une des vérités observées est que c’est à tort et pour nous rassurer que nous opposons la vie à la mort. D’un point de vue biologique strict c’est totalement faux. Dès la conception, point de départ d’un nouvel être vivant, vie et mort sont enchevêtrées, complémentaires et indispensable l’une à l’autre. Comment une seule cellule contenant dans son ADN toute une vie future pourrait-elle engendrer un organisme complet si ce n’est en se divisant, puis en voyant ses composants se diversifier ? Or tout cela suppose la disparition, la mort de toutes les étapes intermédiaires pourtant indispensables. De même comment une espèce pourrait-elle évoluer sans la disparition des individus qui ont momentanément transmis le patrimoine génétique et qui ne peuvent plus évoluer positivement par eux-mêmes. Donc, place aux jeunes ! Sans eux tout resterait figé. Donc mort !
D’ailleurs au sein de l’organisme le processus est tellement complémentaire que les cellules « mères » sont « dévorées » séance tenante par les cellules « filles » qui récupèrent tous les matériaux qui leur sont indispensables momentanément pour accomplir leur mission éphémère. Bon an mal an nous perdons 10 millions de cellules pas seconde qui sont immédiatement remplacées car la nature a horreur du vide…
Ainsi mes dessins sont des tentatives pour parler du prodigieux bouillonnement de la vie qui par la succession frénétique de vie et de mort complémentaires arrive à nous faire exister momentanément dans l’instant présent infiniment bref tout en étant éternel puisqu’il n’y en a qu’un seul…
Mais je parlais du corps biologique, palpable et observable. Bien entendu notre « âme » que d’autres appelleraient le psychisme ou le corps énergétique ne saurait fonctionner autrement. Rien n’est fixe, rien n’est stable et tout se renouvelle indéfiniment. Nos pensées, nos émotions et tout ce qui en découle ne peuvent prétendre à aucune réalité durable. Si l’âme est « éternelle » (pourquoi pas ?) ce ne peut être qu’éternellement changeante, sans cesse renouvelée, comme tout ce qui est. Ou comme le constatait le Bouddha : « Tout est impermanent » à part bien sûr l’impermanence…
La Brosse Conge le 14 novembre 2020
Copyright Christian Lepère
Ici même en cet instant
notre organisme est en train de se renouveler.
A chaque seconde il n'est déjà plus qu'une copie plus ou moins conforme.
de ce qui l'a immédiatement précédé
Un souvenir modifié.
Pas de panique!
la vie
suit
son cours!