Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 08:24
"Gourmets et gourmands" -huile sur toile - 130 x 97 cm - 2006

"Gourmets et gourmands" -huile sur toile - 130 x 97 cm - 2006

"Gourmets et gourmands" - détail

"Gourmets et gourmands" - détail

 

Manger ou être mangé

 

            Tout dans notre vaste monde est nourriture pour les créatures biologiques que nous sommes. Et c'est aussi vrai pour nos amies les bêtes. Après tout la matière vivante n'est que de la matière inerte, minérale mais organisée de façon tellement complexe  et subtile qu'il lui devient possible de manifester des qualités étranges. Elle naît, elle meurt, elle souffre et elle engendre. De l'amibe au zèbre, du cob de Buffon à la libellule en passant par les grands singes et les escargots de Bourgogne, sans oublier la concierge de l'immeuble et sa progéniture, tout mange et tout est mangé. C'est la loi et elle est dure mais c'est la loi.

           Peut-être m'objecterez-vous que certains se contentent d'herbes et de fleurs. Ainsi les ruminants égayant nos prairies bourguignonnes seraient de délicats poètes broutant paisiblement les graminées. Ce serait oublier tout ce qui peuple l'herbe tendre et la rend plus juteuse. Innocents insectes vaquant à leurs affaires, gentils gastéropodes et délicieuses limaces glissant de feuille en feuille et même des créatures microscopiques comparables au plancton dont se goinfre la baleine bleue.

           Donc tout se nourrit de tout et le prédateur va devenir proie à son tour dans une ronde inlassable. Certes le lion, roi des animaux, règne avec majesté et défend chèrement sa vie quand le chasseur l'agresse. Mais cela ne l'empêche pas d'être la proie des parasites qui se nourrissent de sa substance en évitant ses coups de queue et ses battements d'oreille sans se laisser impressionner par ses nobles rugissements. Le roi règne mais le petit peuple invisible le dévore tout vif. Voilà qui est digne d'une fable d'Esope.

          En fait, pourrions-nous vivre sans nous emparer des autres pour en faire notre substance ? En aucune façon ! Puisque tout nous vient de l’extérieur, que rien ne nous appartient durablement et que tout nous est prêté pour un temps plus ou moins long. C’est vrai pour les atomes de carbone, d’oxygène, de fer  ou d’azote…Mais c’est aussi vrai pour des substances organiques plus complexes qui nous sont indispensables. Sans protéines nous mourons même si les seules protéines végétales sont amplement suffisantes et ont permis à de larges populations de vivre sans problèmes majeurs depuis les époques les plus reculées. Et même cela ne les a pas empêché de se faire la guerre, tribale comme il se doit. On peut occire son semblable pour d’autres raisons qu’anthropophagiques même si cette dernière solution a souvent été utilisée en des temps où les problèmes moraux paraissaient bien superflus  au cœur de la forêt primaire.

           Mais ce n’est pas tout car si nous avons impérativement besoin des autres formes de vie organique pour entretenir notre personne charnue, nous en avons tout autant besoin à des niveaux plus subtils. Car après tout de quoi sommes-nous composés ? D’un corps biologique fort utile pour vaquer à nos obligations. Mais que serait ce dernier sans ce qui l’anime et qu’on a très judicieusement appelé l’âme dans maintes traditions. A moins qu’on ne la désigne dans d’autres cultures et de façon un peu plus précises comme étant un corps subtil. Subtil, soit, mais plus ou moins selon les cas car il est des âmes un peu balourdes pas très émancipées de la pesanteur biologique.

 

                                                                                        à suivre...

"Gourmets et gourmands" - détail

"Gourmets et gourmands" - détail

Çà vous a mis en appétit ?

Très bien !

La suite

ne saurait

se faire attendre !

Partager cet article
Repost0

commentaires